Nous voici réunis quasiment un mois jour pour jour après notre premier rendez-vous manqué du 28 avril. Un mois gâché car votre application n'était pas prête. Dans cette crise sanitaire, le retard à l'allumage est devenu votre marque de fabrique. Sans cesse repoussée de semaine en semaine, sans cesse décalée ou retardée, cette application est devenue le symbole d'un projet à contre-courant et désormais largement dépassé.
Il y a un mois, le débat réclamé à notre initiative sur l'application StopCovid nous semblait indispensable : il était en effet essentiel que le Parlement puisse débattre et se prononcer de manière parfaitement démocratique et éclairée sur ce sujet si délicat du traçage numérique. Nous estimions que si les parlementaires ne pouvaient légiférer sur cette application, au moins fallait-il qu'ils la contrôlent. Tout est une question d'équilibre et de dosage et nous savons que, sur ce sujet, la ligne de crête est périlleuse.
Plus qu'un débat technique, sanitaire et juridique, c'est d'abord un débat éthique à ne pas occulter. Je ne veux pas d'une société où les libertés individuelles et le respect de la vie privée seraient relégués à l'arrière-plan. Nous devons refuser de nous accommoder d'une société aux libertés sacrifiées sur l'autel de la crise sanitaire. Hier, la loi Avia – contre les contenus haineux sur internet – , aujourd'hui les brigades sanitaires et, demain, StopCovid : jusqu'où va-t-on aller dans l'encadrement de nos libertés et de notre vie privée ?