Avec l'application StopCovid, vous ouvrez la porte à la banalisation des atteintes du numérique aux libertés publiques, sous couvert de préservation de la santé publique.
Avec une étonnante assurance, vous nous affirmez que ce nouveau pas vers un état de droit de plus en plus alternatif n'en est pas moins respectueux des libertés publiques. Cette logique me laisse pantois ! Tout le monde n'a pas le talent de George Orwell ou de Ian Fleming. Vous ne nous donnez pas du tout envie d'être entraînés dans ce mauvais roman d'espionnage, dans lequel Big Brother nous regarde chaque jour davantage. Comme vous l'avez indiqué hier devant la commission des lois, l'application StopCovid n'est pas une « coquetterie technologique ». Vous avez repris cette expression tout à l'heure, mais la logique éthique de ce dispositif le rend dangereux, à moyen et long termes, pour les libertés publiques.
Certes, Montesquieu écrivait « qu'il y a des cas où il faut mettre, pour un moment, un voile sur la liberté, comme l'on cache les statues des dieux ». Mais il ne s'agit pas là de porter atteinte aux libertés l'espace d'un moment ; il ne s'agit donc pas d'une décision anodine. Vous surfez sur l'onde de choc provoquée par le covid-19, ainsi que sur la peur qu'il suscite, pour nous rendre un peu plus dépendants des nouvelles technologies, au prétexte de garantir notre sécurité sanitaire. Mais, rappelez-vous, c'est comme cela, au siècle dernier, que la démocratie a dépéri : ses opposants avaient promis davantage de sécurité, de prospérité et de justice… Je ne parle pas du Gouvernement actuel, loin de moi cette idée, mais nul ne sait ce que l'avenir nous réserve.
Mesdames et messieurs de la majorité, réveillez-vous ! Ouvrez les yeux sur ce que vous êtes en train de nous promettre ! StopCovid est un pacte faustien…