Or, nous sommes bien ici pour discuter du déconfinement et de la manière dont nous pouvons vivre libres malgré le covid-19.
Il est normal que de nombreux collègues, depuis des semaines, s'interrogent sur les conséquences, pour les libertés individuelles, d'une telle application numérique. Je l'ai moi-même considérée avec scepticisme quand j'ai appris que certains pays en avaient annoncé l'instauration. Or la réponse à l'inquiétude, la peur, comme l'a affirmé Cédric Villani, c'est le travail. Il nous faut donc examiner la question, lire, interroger des experts afin de comprendre ce que les autres pays ont mis en place et de réfléchir aux choix qui s'offrent à nous en Europe et que nous pourrions soumettre aux Français.
Je suis convaincu que le projet du Gouvernement est éthiquement responsable, suffisamment sécurisé et porteur de toutes les garanties.
L'application sera-t-elle, ou non, utile, efficace ? Examinons le nombre de nouveaux cas par jour : on parle de 300. Un taux d'utilisation de cette application de 10 % nous permettrait, pour chacun de ces 300 nouveaux cas, de remonter de manière presque exhaustive, la chaîne de communication pour trente d'entre eux et de prévenir 10 % des personnes qu'ils ont rencontrées.
Savez-vous, chers collègues, à quoi ressemble le questionnaire de traçage auquel vous êtes soumis lorsque vous êtes diagnostiqué positif ? Beaucoup, ici, dès le début de l'épidémie en France, ont reçu un appel d'un agent d'une agence régionale de santé pour leur expliquer qu'ils avaient été en contact avec une personne malade. Concrètement, on vous demande de faire appel à votre mémoire pour vous souvenir de vos quinze derniers jours alors que vous êtes malade, sans doute fiévreux, peut-être même hospitalisé si votre cas s'aggrave. C'est à cela que ressemble le traçage humain, c'est de l'artisanat.
Or cette application apporte un plus. Reprenons l'exemple des trente malades qui ont installé l'application. Peut-être parviendront-ils à se souvenir des collègues, des membres de leur famille, de leurs amis mais se rappelleront-ils cette personne qu'ils ne connaissaient pas et avec qui ils ont discuté, cette autre personne à côté de qui ils ont voyagé pendant si longtemps ? Eh bien, cette application permettra de pallier cette carence.
On pourrait facilement déduire de certaines études, si on les lit mal, qu'un taux de 50 à 60 % d'utilisation est nécessaire pour rendre l'application efficace ; mais toutes les études les plus récentes, en particulier celles citées par Cédric Villani, attestent que dès les premiers usages, dès qu'on a atteint un taux de pénétration suffisamment important même s'il reste faible, on peut sauver des vies.