Si nous prenons le chemin de l'application numérique d'État en matière de données de santé, nous la dupliquerons après l'état d'urgence sanitaire, pour d'autres maladies que le covid-19. J'ai confiance dans ce gouvernement pour apporter des garanties, mais je n'ai pas de confiance aveugle dans l'avenir et dans ceux qui nous succéderont.
Je ne veux pas être de ceux qui ont considéré que le traçage numérique était utile car je connais l'usage qui en est fait en Chine, avec un mécanisme de crédit social. Ce système revient à noter les bons et les mauvais citoyens et permet, via des applications, de leur octroyer des droits sous conditions.
Encore une fois, il s'agit d'un débat d'éthique. Par ce vote, vous direz votre conviction profonde : vous direz si les atteintes portées aux libertés publiques sont justifiées par l'objectif de sécurité sanitaire poursuivi. De mon point de vue personnel, le bilan est défavorable. Je crois à une société de la vigilance, de la précaution, où nous veillons tous les uns sur les autres, mais je redoute la société de la surveillance, de la délation. La peur ne doit pas nous faire passer des étapes qui, aussi insignifiantes paraissent-elles prises isolément, nous font franchir des lignes sur lesquelles on ne revient pas. La vigilance, c'est avant tout la protection, et la période nous a montré que la meilleure des protections, c'est l'attention humaine. C'est pour cela que nous menons le Ségur de la santé. Cette attention, nous ne l'aurons jamais pareillement par nos appareils numériques.
Dans ces circonstances, avec beaucoup de responsabilité et sans défiance, j'appelle ceux qui auraient des doutes à les manifester lors de ce vote, comme je le ferai moi-même en rejetant le déploiement de cette application.