Intervention de Hubert Julien-Laferrière

Séance en hémicycle du mardi 2 juin 2020 à 15h00
Accord de coopération avec l'inde sur le trafic illicite de stupéfiants — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHubert Julien-Laferrière :

Elle est aujourd'hui l'un des pays les plus inégalitaires au monde – et nous savons combien la pauvreté et la consommation de stupéfiants sont liées. Comme nous l'avons constaté lors d'une mission avec Valérie Thomas et Hervé Berville il y a un an et demi, l'accès aux soins y est très insuffisant. L'Inde se situe également en queue de peloton s'agissant des dépenses de santé, qui n'atteignent que 4,5 % de son produit intérieur brut.

Cet accord est fondamental parce que la situation géographique de l'Inde en fait un acteur régional majeur dans la lutte contre les flux illégaux, du fait de la proximité de l'Afghanistan et du Pakistan, gros producteurs d'opium, et plus généralement du Triangle d'or et du Croissant d'or. L'Inde est un véritable hub pour le trafic de stupéfiants et, par conséquent, un pays stratégique pour la coopération dans la lutte contre les trafics. En outre, les faux médicaments produits par l'Inde elle-même font des ravages, et pas seulement sur son territoire.

Nous nous prononçons sur cet accord dans le contexte particulier d'une crise sanitaire mondiale, alors que les mesures de confinement perturbent l'économie illégale des stupéfiants et les routes de la drogue. Contrairement à ce que l'on pourrait penser au premier abord, ce n'est pas une bonne nouvelle : comme le dit un rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, lorsqu'on n'arrive plus à s'approvisionner, on se rabat sur des produits de substitution, plus dangereux encore. C'est ce qui se passe en Europe et en Inde, comme dans beaucoup d'autres pays qui ont vu ces dernières années leur consommation de psychotropes augmenter. Le risque, c'est une surconsommation de drogues et de psychotropes lorsque les routes de la drogue seront à nouveau ouvertes.

Ce que nous saluons tout particulièrement dans cet accord, ce qui en fait le caractère novateur, c'est l'importance du volet prévention à côté du volet répression. La coopération technique et opérationnelle prévue va permettre aux professionnels de la santé et de la prévention de travailler ensemble. Lutter contre les trafics, c'est lutter contre le financement du terrorisme, c'est lutter, on l'oublie trop souvent, contre le détournement, souvent par la violence, de terres agricoles, et c'est lutter contre des effets sanitaires désastreux.

Bien que, dans le contexte actuel, les tentations de repli nationaliste soient très fortes – cela se vérifie presque quotidiennement dans l'actualité – nous avons besoin de plus de solidarité entre les nations, donc plus de multilatéralisme et d'accords bilatéraux pour l'épanouissement des plus fragiles dans nos sociétés. Le groupe EDS votera bien sûr ce projet de loi.

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