Avant de commencer, je voudrais simplement vous dire qu'après avoir terminé ma dernière nuit en réanimation au service covid plus, je suis venue dans l'hémicycle le lendemain. C'était un mardi et Christophe Blanchet présentait sa proposition de loi. Ma première pensée a été de constater que j'étais revenue dans un monde totalement hors-sol.
Je vais maintenant vous dire ce que j'ai à vous dire. « Il semble que [les législateurs] aient méconnu la grandeur et la dignité même de leur ouvrage : ils se sont amusés à faire des institutions puériles, avec lesquelles ils se sont à la vérité conformés aux petits esprits, mais décrédités auprès des gens de bon sens. » Cet extrait des Lettres persanes de Montesquieu date de 1721, mais se révèle comme souvent d'une étonnante actualité.
Alors que l'Assemblée nationale étudie la proposition de loi permettant le don de congés payés sous forme de chèques-vacances aux membres du secteur médico-social, je me sens, en tant que députée et en tant que soignante, assez mal à l'aise – c'est le moins que l'on puisse dire.
Mal à l'aise d'abord sur la forme. Qui sera concerné par le dispositif ? A-t-on évalué le nombre de Français qui pourraient s'en emparer ? Comment savoir alors le nombre et le montant des chèques-vacances qui parviendront réellement aux soignants ? Une question simple : y en aura-t-il assez pour tous ?