« Les mots manquent aux émotions », disait Victor Hugo. Alors, à défaut de leur dire leur gratitude, les Français ont remercié les soignants qui se sont mobilisés – et continuent d'ailleurs – durant cette crise sanitaire. Faute de toujours trouver les mots, ils les ont applaudis à 20 heures chaque soir ; des restaurateurs ont cuisiné pour agrémenter leurs repas ; des enfants ont dessiné pour embellir leur cadre de travail ; des fleuristes ont coloré les salles de repos ; tant d'autres initiatives ont été imaginées pour remercier ceux qui ont travaillé durement pour soigner et prendre soin des plus fragiles.
Devant la douleur, devant l'abnégation, devant la conscience professionnelle qui a fait travailler les soignants avec dévouement, efficacité et humanité, les Français ont été reconnaissants et émus ; nombreux sont ceux qui ont souhaité les remercier.
Le texte qui nous est soumis participe à cet élan de générosité, en permettant aux salariés et aux agents publics disposant de jours de congé, de jours de RTT et de jours de repos non pris, de choisir d'en faire don aux professionnels de santé en les transformant en chèques-vacances. Quelques jours de vacances, pour non seulement se reposer – ils en ont tous besoin – , mais aussi prendre le temps et réparer les âmes qui ont vu beaucoup de douleurs.
Nous accueillons évidemment favorablement cette initiative, qui fait appel à la générosité de nos concitoyens en faveur de ceux qui nous soignent et prennent soin de nos aînés au quotidien, ces personnels qui se sont donnés sans relâche, avec énergie et dévouement, non pas comme des héros – un terme qu'ils réfutent d'ailleurs – , mais comme des professionnels engagés, volontaires, passionnés et efficaces.
C'est l'ouverture d'une possibilité à destination de ceux de nos concitoyens qui veulent faire le choix de remercier les soignants en première ligne durant l'épidémie de covid-19, pour leur permettre de souffler et de prendre des vacances, pour qu'à l'engagement des uns réponde la générosité des autres.
La proposition de loi s'inscrit dans la continuité d'autres initiatives parlementaires, telles que celle défendue par mon collègue Paul Christophe sur le don de jours de congé aux aidants familiaux. La possibilité, qui existait déjà, de faire don d'une partie des jours de repos pour s'occuper d'un enfant gravement malade ou d'une personne proche en perte d'autonomie ou porteuse d'un handicap, sera donc élargie afin d'offrir des chèques-vacances aux personnels des secteurs sanitaire et médico-social – je répète, médico-social – qui ont travaillé pendant l'épidémie de covid-19.
Il s'agit d'un geste, d'une marque modeste pour manifester notre gratitude et notre admiration face à une mobilisation sans précédent de ces personnels. Il ne s'agit évidemment pas de solder la dette à leur égard.
Les mesures à prendre pour revaloriser et transformer durablement les conditions d'exercice des personnels soignants dans les hôpitaux, centres de soins, EHPAD ou autres établissements médico-sociaux devront être d'une tout autre ampleur. C'est tout l'enjeu du Ségur de la santé lancé la semaine dernière par le Premier ministre, auquel nous prendrons toute notre part.
Réformer notre système de santé, c'est mieux organiser l'hôpital, mieux faire interagir la médecine de ville et la médecine de l'hôpital, encourager la recherche, réfléchir à notre approvisionnement en médicaments, effectuer une meilleure prévention, traiter les déserts médicaux, mieux équiper l'hôpital, mieux reconnaître les professions paramédicales, et tant d'autres choses encore. Mais c'est surtout et avant tout prêter une attention soutenue aux soignants et à tous ceux qui interviennent pour notre santé.
Ces jours de congé supplémentaires sont donc un début, une amorce de considération à l'égard de ceux qui ont choisi leur métier par passion et qui le quittent parfois par désespoir. La monétisation des jours de congé est une bonne idée en soi – si bonne qu'elle est transpartisane, et je rends hommage à notre collègue Maxime Minot.