À huit heures sonnantes, tous les soirs durant des semaines, nombreux sont les femmes et les hommes qui se sont donné rendez-vous pour applaudir le personnel hospitalier aux prises avec le coronavirus. Ils l'ont fait pour leur donner du courage, pour leur montrer toute la reconnaissance et la considération dont la majorité les a tant privés. Sous les applaudissements adressés aux soignants, vous n'avez pas entendu les sifflets qui vous étaient destinés – car il y en avait.
Pire, vous voici désormais occupés à instrumentaliser ce geste, à le récupérer, à le dénaturer. Vous dites à celles et ceux qui ont applaudi de ne pas se contenter de cela et de donner. Sous ces applaudissements, vous auriez pu entendre l'attachement de tout un peuple au personnel de l'hôpital, à l'hôpital public lui-même, au droit à la santé, et vous hisser à la hauteur de ce message clair. Vous auriez pu abandonner les plans de restructuration, embaucher, augmenter les salaires. Vous avez préféré distribuer des primes inégales et éphémères et des médailles.
Par cette proposition de loi, vous vous défaussez après avoir voté des budgets indigents et refusé d'entendre.