Je me réjouis que Mme Mauborgne soit d'accord avec moi sur un point : si le groupe La République en marche souhaite offrir des chèques-vacances aux soignants, leur prise en charge doit incomber à l'État et non aux salariés. Nous sommes d'accord, chère collègue ! C'est d'ailleurs pourquoi je vous avais citée.
Nous souhaitons supprimer l'article, pour les raisons que j'ai exposées tout à l'heure. Monsieur le rapporteur, « inventons cette nouvelle forme de solidarité et rendons possible l'impossible » – ainsi s'achève l'exposé des motifs de votre proposition de loi permettant le don de congés payés sous forme de chèques-vacances aux membres du secteur médico-social en reconnaissance de leur action durant l'épidémie de covid-19. Ces chèques-vacances pourront être dépensés en prestations de service.
Nous ignorons s'il y en aura assez pour tout le monde. Nous ignorons qui sera concerné. En commission, nous avons débattu de l'opportunité d'inclure parmi les bénéficiaires les aides à domicile, et conclu que l'idée était bonne, mais que nous n'étions pas certains que tout le monde pourrait donner.
Vous misez sur l'hypothèse que 20 % des salariés donneront des congés. Avez-vous observé que, depuis le début du déconfinement, les applaudissements destinés aux soignants ont cessé ? La raison n'en est pas que les gens n'éprouvent plus aucune reconnaissance envers eux et leur engagement, mais que chacun, avec le déconfinement, est retourné à son travail. Je ne suis pas certaine que vous atteindrez une proportion de 20 %.
J'estime donc que nous perdons notre temps. Les gens ne veulent pas de la charité. Sitôt connue, votre proposition de loi a fait l'objet d'articles que je vous invite à lire. Je vous invite également à dialoguer avec les soignants qui s'expriment à son sujet ; ils disent : « Plutôt que nous donner un jour de congé sous forme de chèques-vacances, prenez un congé et venez manifester avec nous le 16 juin ! »