La gestion du stock de masques est au coeur des discussions depuis le début de l'épidémie de covid-19. À de nombreuses reprises a été soulevée la question des difficultés que la France a eues pour fournir des masques, ne serait-ce qu'au personnel soignant. Derrière cette question, il y a celle des responsabilités.
De 2007 à 2016, nous le savons, c'est l'EPRUS qui était chargé de la gestion des stocks sanitaires stratégiques. Avant que celui-ci ne soit supprimé, le Parlement et la Cour des comptes avaient dressé un bilan positif de sa gestion des stocks et un bilan en demi-teinte de sa gestion de la réserve sanitaire.
En 2016, tout en approuvant la suppression de l'EPRUS, le Parlement avait émis des recommandations tant financières que fonctionnelles, afin que le nouvel opérateur, l'Agence nationale de santé publique, plus connue sous le nom de Santé publique France, assure une réponse publique satisfaisante en cas de crise sanitaire. Il avait demandé, premièrement, le maintien des moyens dédiés à l'ex-EPRUS, afin que les missions dont celui-ci était responsable continuent à être correctement assurées, deuxièmement, l'octroi d'une marge d'autonomie à la nouvelle structure, afin qu'elle ne soit pas noyée dans l'Agence nationale de santé publique, grand opérateur regroupant 500 personnes.
Le problème de la gestion des stocks, notamment des masques, n'a pas été clairement résolu, et les mêmes interrogations demeurent depuis le début de l'année 2020 : l'opérateur Santé publique France a-t-il assuré une gestion efficace des stocks stratégiques ces trois dernières années ? Et il convient aujourd'hui de poser une question primordiale : les recommandations formulées ont-elles été suivies ? Le Parlement a-t-il été écouté ou ignoré ?