Un triste constat doit également nous alerter : les restrictions budgétaires et la logique de rentabilité financière ont entraîné la fermeture de nombreux centres d'IVG ces dernières années. Entre 2007 et 2017, soixante-dix centres ont ainsi fermé en métropole, l'avortement étant un acte médical très peu rentable. Il ne suscite pas de vocation chez les médecins, qui y sont d'ailleurs peu formés. Dans certains établissements, il est parfois impossible de trouver un médecin pour pratiquer une IVG, ce qui oblige les femmes à parcourir de nombreux kilomètres pour trouver un praticien. En 2018, plus de 25 % des femmes ont avorté en dehors de leur département de résidence. Dans un contexte où le nombre de spécialistes et d'établissements de proximité diminue, l'accès à l'IVG – ou tout simplement à un accompagnement – est plus que limité.
Nous ne pouvons accepter que les difficultés d'accès à l'IVG perdurent – et la crise du covid-19 nous a rappelé combien elles étaient nombreuses. Elle a aussi révélé la solitude dans laquelle les femmes se retrouvent bien souvent et la souffrance à laquelle elles sont confrontées. Plus que jamais, cette crise doit nous inciter à améliorer l'accompagnement proposé aux femmes, mais aussi, et surtout, à renforcer la prévention et l'information.
L'avortement est toujours un moment douloureux. Il doit rester un dernier recours. Les campagnes de prévention doivent être plus nombreuses et mieux ciblées, aussi bien en direction des femmes, qui sont directement concernés, que des hommes, qui le sont en réalité tout autant. Pourtant, dans plusieurs départements, comme la Haute-Loire ou le Rhône, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, le planning familial s'inquiète d'une réduction des subventions qui lui sont allouées depuis quelques années, alors que les actions de prévention et d'accompagnement sont essentielles.
Les difficultés d'accès aux soins font craindre pour la santé de nos concitoyens sur tout le territoire. Aucun soin ne doit être sous-estimé, aucun acte ne doit être trop longtemps reporté, y compris lorsqu'une crise sanitaire menace notre population et notre système de santé. Le cas des IVG doit nous alerter sur l'urgence à investir dans les politiques de prévention, qui sont indispensables pour l'efficacité de notre système de santé.