Intervention de Sabine Rubin

Année après année, de projet de loi de finances en projet de loi de règlement, j'ai le sentiment de vivre un jour sans fin – ou l'éternel retour, puisque l'un de nos collègues évoquait tout à l'heure le Zarathoustra de Nietzsche !

Monsieur le ministre, à mesure que se déploie votre politique d'austérité sélective, j'entends s'élever des voix depuis l'école, l'hôpital, le rail, les agences de Pôle Emploi, les EHPAD : toutes disent, à l'unisson, « nous sommes en train de boire la tasse ! »

Certes, rien de tel n'apparaît sur vos tableaux d'indicateurs, à tel point que vous avez évoqué il y a quelques semaines, en commission des finances, un cercle vertueux, et que nous avons eu droit hier, dans cet hémicycle, à une grande séance d'auto-satisfecit assez baroque en effet, au cours de laquelle vous avez cherché à savoir comment le rétablissement des finances publiques favorisait le soutien à l'économie dans le contexte de la crise du covid-19. En fin de compte, fidèle à la rhétorique de vos prédécesseurs plus que libéraux, vous réduisez toute contestation à un exercice de mauvaise foi.

Permettez-moi de vous dire que, pour l'avoir éprouvé depuis trente ans, dans l'hémicycle et auparavant devant mon écran de télévision ou en lisant les journaux, je sais par coeur le contenu de votre vulgate : réduction des dépenses publiques, flexibilité, course à la croissance, compétitivité, soit le fameux monde d'avant et son éternel retour – sauf l'intérêt que vous manifestez, monsieur le ministre, pour une analyse plus fine des dépenses fiscales.

Fort de ces préceptes, vous livrez un exercice 2019 très semblable aux précédents.