Chacun, sur ces bancs, sait la gravité de la crise sanitaire que nous avons connue. Chacun, sur ces bancs, mesure la puissance de la crise économique et sociale que nous allons affronter. Jamais, depuis la guerre, la richesse nationale de notre patrie ne s'est à ce point effondrée – plus de dix points de récession, soit trois à quatre fois plus que pendant la crise de 2008. Jamais, depuis que les statistiques existent, le chômage n'avait à ce point augmenté dans notre pays – plus de 840 000 chômeurs rien que pour le mois d'avril. Jamais des pans entiers de notre économie n'avaient douté d'eux-mêmes et de leur propre survie : je pense tout particulièrement à nos artisans, à nos commerçants, à nos entrepreneurs, à nos restaurateurs, à nos hôteliers et à nos professionnels du tourisme.
Comment ne pas s'alarmer non plus pour notre jeunesse ? Les chiffres sont terrifiants : on a compté 150 000 jeunes chômeurs de plus au mois d'avril. Plus de 2 millions de nos jeunes, qui quittent leur qualification ou leurs études, se présenteront sur le marché du travail au cours des trois prochaines années : ils seront 700 000 dès cet été, parmi lesquels 200 000 jeunes issus de nos lycées professionnels.
Mais, si je suis monté à la tribune de l'Assemblée nationale, ce n'est pas simplement pour égrener des chiffres, aussi durs soient-ils. Je me présente devant vous pour des noms, des regards, des parcours, des détresses, des visages. Je me présente devant vous au nom de Kevin, étudiant, de Farida, programmatrice en alternance, de Cédric, en CAP – certificat d'aptitude professionnelle – conducteur d'engins, de Chloé, qui cherche un stage ou encore de Charlotte, élève en apprentissage. Nous, la représentation nationale, sommes ici pour défendre une jeunesse aujourd'hui assignée à résidence.
Et si, avec le groupe Les Républicains et Éric Woerth, nous n'agissions pas avec force, nous pourrions être collectivement accusés de non-assistance à jeunesse en danger.