Intervention de Muriel Pénicaud

Séance en hémicycle du jeudi 11 juin 2020 à 9h00
Dispositif zéro charge pour l'embauche de jeunes de moins de 25 ans — Présentation

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Pour la première fois depuis dix ans, le chômage des jeunes avait commencé à reculer significativement grâce à l'ampleur des réformes. Toutefois, les crises précédentes et leurs conséquences sociales et économiques ont malheureusement montré que les jeunes figurent souvent parmi les publics les plus vulnérables, les plus touchés et les premiers à l'être. Ils sont en effet les derniers à être embauchés ou formés par les entreprises. Dans un tel contexte, nous sommes tous ici pleinement conscients que nous sommes soumis à un impératif absolu : il faut les protéger et leur permettre de s'émanciper sans qu'ils subissent les conséquences de la crise, et cela rapidement malgré l'arrêt de l'économie provoqué par la crise sanitaire. C'est la raison pour laquelle nous avons, il y a déjà trois mois, pris sans tarder des mesures d'urgence en nous fondant sur les habilitations que le Parlement nous a accordées.

Des mesures d'ordre général ont été prises qui ont aussi un effet pour les jeunes. Je pense à celles relatives à l'activité partielle – nous les avons évoquées au cours du débat précédent – destinées à protéger l'emploi et les compétences au sein des entreprises. Nous avons également veillé à ce que les apprentis conservent leur contrat de travail et bénéficient de l'activité partielle en conservant l'intégralité de leur rémunération. Tout cela explique le très faible nombre de ruptures de contrat durant la période concernée.

Nous avons également mobilisé les CFA, que je salue, afin qu'ils mettent en place une formation à distance qui a pu être suivie par neuf apprentis sur dix. Les apprentis ne perdent donc pas le bénéfice de leur année, d'autant que nous avons permis la prolongation des contrats afin qu'ils puissent achever leur formation.

Les règles concernant les demandeurs d'emploi en fin de droits, les intérimaires et les travailleurs saisonniers ont été assouplies afin de protéger ces populations parmi lesquelles les jeunes sont très nombreux. Combien d'étudiants financent leurs études en étant travailleurs saisonniers durant l'été ? Nous avions longuement discuté de ce sujet le 18 mai dernier, lors d'un débat inscrit à votre ordre du jour par le groupe de la Gauche démocrate et républicaine.

Au-delà de ces mesures générales, depuis trois mois, nous avons aussi agi directement et spécifiquement en direction de la jeunesse. La principale mesure en la matière a consisté à mobiliser 150 millions d'euros sous la forme d'une aide exceptionnelle de 200 euros pour 800 000 jeunes – étudiants ayant perdu leur stage ou leurs perspectives de travail, apprentis ayant perdu leur travail, jeunes ne pouvant plus accéder à une formation ou un emploi.

Destinées à compenser la perte de revenus liée à l'arrêt de l'activité et la perte de chance, d'autres mesures d'urgence ont été prises pour répondre à des situations de fragilité particulière. Je pense par exemple à la décision des CROUS, les centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires, de n'exiger aucun préavis des étudiants qui ont décidé de mettre fin à leur bail en résidence étudiante. Nous avons aussi prolongé la prise en charge par l'aide sociale à l'enfance des mineurs qui devaient atteindre leur majorité pendant la crise du covid-19, car, dans le contexte incertain que nous vivons, certains de ces jeunes, qui figurent parmi les plus vulnérables de la société, se seraient retrouvés à la rue.

Comme l'a relevé l'observatoire de l'OIT, l'organisation internationale du travail, dans la quatrième édition de sa synthèse sur le covid-19 et le monde du travail, publiée la semaine dernière, dans le monde, un jeune sur six a perdu son emploi. Quant à ceux qui l'ont conservé, ils ont subi une perte de 23 % de leur temps de travail. Il y a un risque que l'effet de ce choc initial pour les jeunes se fasse sentir durant une décennie ou plus longtemps encore.

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