Monsieur Peltier, vous n'avez pas cité La France insoumise parmi les groupes qui auraient trouvé un quelconque aspect positif à cette proposition de loi – et pour cause ! En effet, si nous reconnaissons l'importance du problème que vous soulevez, les solutions que nous prônons sont à l'inverse de celles que vous proposez. Vous usez toutefois d'une rhétorique assez habile : selon vous, l'exonération de cotisations sociales patronales rendrait du pouvoir d'achat à ceux que vous désignez comme le milieu de cordée – en gros, cela reviendrait à augmenter les revenus du travail.
Notre conception est totalement différente. À nos yeux, les cotisations sont un salaire différé, le fruit d'une socialisation des richesses produites, décidée collectivement par les travailleurs dans un but de solidarité et de protection. Les cotisations ne sont donc aucunement distinctes du revenu du travail – au contraire, elles en font partie. Quoi que vous en disiez, donc, l'exonération affaiblit, à terme, la protection sociale, et donc la protection des travailleurs, y compris leur pouvoir d'achat.
Je vous rappelle que si notre pays n'est pas entré en récession après la crise des subprimes de 2008, c'est notamment en raison des mécanismes sociaux qui ont permis de doper, malgré tout, le pouvoir d'achat au moment où le marché privé était atone. Quel que soit le point de vue adopté, lorsque vous dénoncez ce que vous appelez les « charges » sociales – le choix du terme n'est pas neutre ! – , vous vous en prenez en réalité aux revenus du travail.
Selon nous, l'opposition ne se situe pas entre ce que vous appelez l'assistance et le travail – l'assistance n'étant que la protection donnée à ceux qui, pour une raison ou pour une autre, sont privés de travail – , mais entre les revenus du capital et ceux du travail. Depuis trente ans, on fait des cadeaux aux entreprises, on leur octroie tel ou tel avantage – comme les exonérations que vous proposez – sans demander la moindre contrepartie, et on voit gonfler de manière tendancielle aussi bien le chômage que les profits, faute d'assurance que la plus-value dégagée par la force de production aille réellement vers les revenus du travail et vers l'emploi.