Monsieur le Premier ministre, la mort de George Floyd a soulevé l'indignation de milliers de personnes dans le monde entier. Elle met en relief le racisme vertébral des États-Unis, première puissance mondiale dont les germes proviennent principalement de l'esclavage des Noirs. Les nations d'Occident se sont elles aussi enrichies sur ces fondations qui ont créé et maintenu vivace dans le monde contemporain un racisme que l'action politique ne saurait tolérer. Oui, contre toutes les violences raciales, la République se doit d'être exemplaire, notamment concernant l'exigence de justice et de vérité face aux drames humains répétés comme celui qu'a vécu Adama Traoré.
Mais le racisme peut aussi s'exprimer de manière obscure et larvée, par la présence inacceptable de certains monuments symboles de la période coloniale, ici à l'Assemblée nationale – je pense à la statue de Colbert, le père du code noir – ou par la parole de celui qui, à longueur de tribunes et d'antennes, distille impunément la peste qui lui sert d'activité mentale : Éric Zemmour. Tout cela fait persister un esprit colonial érigé en système, source d'inégalités et d'injustices de génération en génération, et qui attise des révoltes qu'il faut entendre et qui exigent des mesures exceptionnelles.