J'ai envie de vous parler de dignité, de la dignité nationale. L'usage de mots forts interpelle toujours, mais je pense qu'ils sont en l'occurrence tout à fait adéquats. Car s'il y a bien une profession dont les membres mériteraient de couler des jours heureux une fois à la retraite, c'est bien celle d'agriculteur : la grande majorité d'entre eux travaillent le double du temps légal, 365 jours par an, donc sans vacances, et même pour les non-salariés sans compte pénibilité ; nos agriculteurs nous nourrissent, 100 % des Français mangent grâce à eux. La nation devrait leur être reconnaissante et leur offrir une fin de vie décente. Cette dernière leur reste pourtant, pour un grand nombre d'entre eux, inaccessible. C'est pourquoi je souhaite personnellement et au nom de tout notre groupe Écologie démocratie solidarité, vous remercier, monsieur le président Chassaigne, de la ténacité dont vous avez su faire preuve avec coeur pour corriger cette injustice qui n'a sa place ni dans notre temps ni dans notre pays.
Indignée par le faible montant des pensions de retraite agricoles, je l'ai souvent été et le serai encore longtemps. Cette fatigue du corps, ces journées harassantes dans lesquelles on peine à trouver une place pour la vie personnelle et familiale… Faut-il rappeler la douleur de beaucoup d'agriculteurs de ne pouvoir fonder une famille à cause de la difficulté de leur travail ? Et puis il y a les inégalités de genre car les conjoints collaborateurs, pour la plupart des femmes, sont encore plus impactés et ont vraiment des pensions de misère.