Monsieur le secrétaire d'État, je vous ai écouté attentivement tout à l'heure faire à la tribune un exercice de satisfaction – ou d'autosatisfaction – de votre part et de celle d'une majorité qui aurait magnanimement accepté de voter ce texte la semaine dernière en commission. Nous avons d'ailleurs assisté, sur les réseaux sociaux, à un festival d'autosatisfaction de certains députés de la majorité qui avaient participé à cette adoption.
Or la réalité est têtue : voilà trois ans, en février 2017, j'ai voté ce texte ici même, comme de nombreux députés présents aujourd'hui et comme la plupart de vos prédécesseurs, chers collègues, à une époque où le groupe La République en marche n'était encore qu'un voeu. À l'époque, nous avions acté le fait que cette avancée majeure était essentielle pour le monde agricole. La réalité, c'est que la tactique d'un gouvernement et d'une majorité qui ont recouru à un vote bloqué au Sénat pour pousser la Haute assemblée à rejeter ce qui était alors un aménagement de ce texte a fait perdre trois ans aux agriculteurs. N'aggravez pas votre cas avec l'amendement que vous avez fait adopter la semaine dernière en commission, lequel reporterait l'échéance à 2022, car ce ne seraient plus alors trois ans que vous feriez perdre à ces agriculteurs qui, comme l'ont dit plusieurs de nos collègues, souffrent de ne percevoir qu'une petite retraite, mais cinq ans.
M. le président Chassaigne a évoqué tout à l'heure des « fondations » que pose ce texte, et je souscris à cette expression, car cette proposition de loi n'est pas un aboutissement. De fait, l'enjeu de l'agriculture, l'enjeu de notre modèle agricole est aussi la reprise des exploitations. Dans les cinq à dix prochaines années, 25 % – un quart ! – des agriculteurs partiront en retraite. L'enjeu consiste donc à assurer la transmission des exploitations pour garder notre modèle familial. En effet, même si les dispositifs existent, il demeure un risque très important d'accaparement des terres agricoles, …