L'école est le lieu de préparation de l'avenir, c'est un projet collectif pour le développement de nos enfants ; elle est aussi une pièce majeure dans la vie quotidienne de nos communes. La place des directrices d'école – et je prends la liberté, aujourd'hui, de parler des directrices – , entre l'autorité hiérarchique des IEN à qui elles rendent compte de toute décision, et le lien de dépendance envers les élus de la commune, même si tout se passe au mieux, est depuis longtemps un sujet sensible.
La question est bien de donner aux directrices d'école, qui dans leur presque totalité ne veulent pas d'un statut spécifique et restent très attachées à la notion de collectif, ce pouvoir d'agir dans un contexte de plus en plus tendu, et la légitimité de représenter l'institution auprès des familles et dans le territoire.
Chaque jour, de nouvelles missions leur sont assignées afin de prendre en charge les problèmes qui préoccupent la société : meilleure prise en compte des élèves en difficulté sociale, inclusion des élèves en situation de handicap, lien renforcé avec les familles, articulation des temps solaire et périscolaire… Les conditions d'exercice des directrices se sont dégradées sans que leur soient apportées des réponses de fond. Or le temps et les moyens octroyés à celles et ceux qui acceptent cette responsabilité ne sont pas à la hauteur de la reconnaissance que nous leur devons. Je leur adresse notre reconnaissance pour leur engagement.
Des épisodes dramatiques sont venus accélérer l'agenda social du ministère et, à la fin de 2019, ce dernier a lancé une consultation des représentants des personnels.
La crise sanitaire a toutefois mis un frein à la concertation. Nos collègues ont souhaité que la représentation nationale se saisisse de ce sujet, et nous tenons à souligner leur intention de faire bouger les lignes ; mais aujourd'hui, alors que les directrices ont du mal à s'adapter à des situations très complexes de reprise de la scolarité, nous ne sommes pas convaincus de l'efficacité de ce texte dont plusieurs dispositions relèvent davantage du domaine réglementaire que du domaine législatif, ouvrant la porte à des interprétations conflictuelles dans les décrets d'application.
Nous partageons le constat dressé dans l'exposé des motifs ; mais, malgré les précisions qui ont pu être apportées en commission, aucune réponse satisfaisante n'a encore été donnée à la question des moyens nécessaires à l'ambition d'une telle réforme. Ce que les directrices d'école demandent en premier lieu, c'est du temps, une aide humaine pour les décharger, une formation adaptée, en un mot : la revalorisation de leur métier.
Permettez-moi de prendre l'exemple de mon département. Le plus petit de nos collèges compte, pour 150 élèves, 9 personnels d'encadrement en plus de la vingtaine d'enseignants. Combien d'adultes pour le même nombre d'élèves dans une école de même taille ?