Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du mercredi 24 juin 2020 à 21h30
Création de la fonction de directeur d'école — Article 4

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Il est important d'avoir une vision globale du temps de l'enfant qui articule le temps scolaire et le temps périscolaire. Je vous rassure, madame Rubin : il leur restera du temps pour gambader, dormir, rêver – et parfois s'ennuyer, ce qui peut être positif. Le temps scolaire n'est malgré tout qu'une petite partie de la vie de l'enfant et, très souvent, ce qui y a été fait de manière remarquable peut se défaire par la suite si l'enfant est livré à lui-même.

On pourrait souscrire à ce que vous avez dit quand il s'agit d'enfants favorisés, mais je vais vous rappeler notre angle social : si l'on ne fait pas ce que nous préconisons, on perdra les enfants les plus défavorisés qui n'ont pas, eux, de soutien familial pour les activités périscolaires. Il est vrai que temps scolaire et temps périscolaire sont deux réalités distinctes, mais il ne faut pas cloisonner les deux. Un directeur d'école n'est évidemment pas obligé de s'occuper du temps périscolaire, mais cet article fournit un cadre si, dans la grande tradition qu'évoquait le député Jean Lassalle tout à l'heure, celle de la IIIe République, on retrouve certaines bonnes pratiques, celles consistant à s'intéresser à ce qui se passe pour l'enfant en dehors du temps scolaire afin de le soutenir socialement et éducativement.

Il est un peu facile d'argumenter que cela créera des inégalités entre les communes puisque l'État ne sera pas présent uniquement au travers du directeur d'école. Ce n'est pas pour rien que ce ministère est celui de l'éducation nationale mais aussi celui de la jeunesse : à ce titre, il soutient le monde associatif qui contribue à compenser ce type d'inégalité. Le ministère a encore beaucoup à faire pour développer l'activité sportive et culturelle des enfants en dehors du temps scolaire, mais en liaison avec le temps passé à l'école, car, quand un enfant d'un milieu défavorisé fait de la musique le mercredi après-midi plutôt que de rester chez lui devant un écran, cette activité rétroagit positivement sur le temps scolaire, ne serait-ce que sur l'éducation musicale qu'il y reçoit. Et il est bon que le directeur d'école ait, s'il le veut, une vision complète.

Il y a donc quelque chose de très important derrière cette question de l'organisation du temps périscolaire, et cet article ouvre à cet égard davantage de possibilités sans créer ni de nouvelles obligations ni de nouvelles inégalités.

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