Il y a six mois, la France enregistrait ses meilleures performances économiques depuis dix ans. Notre taux de croissance, l'un des plus élevés de la zone euro, était de 1,5 %, supérieur de près d'1 point à celui de l'Allemagne. Le chômage était tombé sous la barre des 8 % en métropole. Les investissements étaient à la hausse : la France était devenue le pays le plus attractif en Europe pour les investissements étrangers.
Il y a six mois, grâce à notre politique économique de l'offre, à notre politique fiscale et à la transformation du marché du travail que nous avions engagée, nous avions, vous aviez, mesdames et messieurs les députés de la majorité, gagné le pari économique du Président de la République : la France faible était redevenue la France forte.
C'était il y a six mois, c'était un autre monde. En quelques semaines, déclenchée par un virus inconnu, une tempête économique d'une brutalité sans équivalent dans notre histoire contemporaine s'est abattue sur le monde. Cette tempête n'a laissé aucun pays, aucun continent indemne : elle a provoqué et continuera de provoquer des faillites par milliers et des licenciements par millions ; elle a ravagé des années d'efforts, d'investissements et de travail, en Chine, en Europe, en Amérique.
En France, elle se traduit par deux taux : -11 % et 121 %. Le premier, -11 %, c'est le niveau de récession que nous attendons pour 2020, malgré les premiers signes encourageants que nous commençons à enregistrer concernant la consommation, l'activité industrielle et le moral des ménages. Le second, 121 %, c'est le niveau de la dette publique en 2020. Nous nous sommes endettés, mais à bon escient, pour sauver notre économie. Ce taux, 121 %, traduit la mobilisation exceptionnelle de l'État, des pouvoirs publics, pour protéger les entreprises, les salariés et les indépendants.
Mais, la « dette covid », nous devrons la rembourser. Nous la rembourserons par la croissance et non par les impôts. Nous la rembourserons en la cantonnant et en la séparant des 100 points de dette initiale. Nous adopterons ainsi la même stratégie que pour la dette sociale, qui a été cantonnée dans la CADES – caisse d'amortissement de la dette sociale – et qui sera remboursée d'ici à 2033.
La tempête économique est retombée mais n'a pas disparu. Nous ne savons pas où et quand l'économie peut être frappée encore par l'épidémie. Cette incertitude freine la reprise économique, ralentit le commerce mondial et nous demande de conjuguer reprise du travail et protection sanitaire, tout aussi indispensables l'une que l'autre au maintien de la productivité.
Face à cette situation, je veux tenir le discours de vérité qui a été le mien depuis le début de la crise. Il nous faudra au moins deux ans pour retrouver le niveau de PIB que nous avions réussi à atteindre fin 2019. Il nous faudra deux ans, mais nous le ferons : dans deux ans, la France aura retrouvé sa vitalité économique, parce qu'elle aura fait le choix de la décarbonation de son économie, des nouvelles technologies et du soutien aux investissements. Nous devons accélérer la transition écologique – comme l'a indiqué tout à l'heure le Président de la République – , nous devons continuer à faire le choix de la croissance durable.
Mais croissance durable suppose croissance : il n'y aura pas de croissance durable s'il n'y a pas de croissance tout court, ce qui suppose des investissements, du capital, de l'attractivité, de l'innovation et la maîtrise de nos finances publiques. Nous ne décarbonerons pas l'économie en tuant nos entreprises ; au contraire, ce sont elles qui accéléreront la décarbonation.
Nous retrouverons la vitalité économique aussi parce que, tout au long de son histoire, la France a su puiser dans son génie national pour surmonter les périodes les plus dures de sa vie économique ou financière. Jacques Coeur, premier grand argentier du Royaume de France, a aidé Charles VII à reconquérir le territoire occupé par les Anglais dans des temps difficiles pour la France. Sully, surintendant des finances du roi Henri IV, a assaini la monnaie, réglé les dettes et diminué les impôts d'un Royaume qui courrait à sa perte, preuve que la France savait puiser dans son génie national pour surmonter ses difficultés.
Et Colbert,