La déflagration économique provoquée par la crise sanitaire que nous traversons vous contraint à nous présenter un troisième projet de loi de finances rectificative, et nous avons cru comprendre qu'un quatrième serait déposé dès le mois de septembre. Cette succession de réformes de la loi de finances initiale est unique dans notre histoire budgétaire. Elle démontre l'extrême fragilité de la réponse que le Gouvernement tente d'apporter à cette situation certes inédite, mais qui a des conséquences sur les économies du monde entier.
Monsieur le ministre, tous nos indicateurs sont dans le rouge, et le choc macroéconomique auquel nous devons faire face est manifestement plus grave qu'attendu. Vous avez dû dégrader vos prévisions, PLFR après PLFR. Les écarts sont considérables : la récession passe de 8 % à 11 % du PIB et la prévision de déficit augmente de 9 % à 11,4 % du PIB, sans parler de la dette qui explose littéralement, pour atteindre 121 % du PIB. Enfin, vous battez un énième record, puisque la dépense publique est désormais fixée à 66,3 % du PIB.
L'optimisme dont vous avez fait preuve au départ, lors de l'examen des deux PLFR précédents, était donc en contradiction totale avec la réalité, ce que nous n'avons cessé de dénoncer depuis des semaines. Le constat est implacable : nous sommes davantage touchés par la récession que nos voisins, et la reprise est plus lente chez nous qu'ailleurs. Les perspectives sont inquiétantes : elles laissent présager le risque de faillites en cascade et un retour au chômage de masse.
À l'heure où nous entamons nos débats, la relance économique est donc une impérieuse nécessité, et nous devons prendre rapidement des mesures fortes, pour accélérer la reprise et l'activité dans notre pays. Dans cet objectif, le soutien massif à l'emploi doit rester la priorité absolue des prochains mois, pour échapper à la catastrophe.
Monsieur le ministre, ce troisième projet de loi de finances rectificative contient de bonnes mesures de soutien à l'économie, mais nous déplorons la timidité avec laquelle vous envisagez la relance.
La situation nous montre, hélas, à quel point notre pays a abordé la crise en situation de fragilité. Contrairement à ses voisins, la France a été incapable, sous votre gouvernement, de réduire les dépenses publiques et a laissé déraper sa dette durant les deux dernières années, alors que la croissance était au rendez-vous. Avant même la crise, nous collectionnions des prouesses dont nous ne pouvions guère être fiers : champions d'Europe de la dépense publique et des déficits ; titulaires du record européen en matière de prélèvements obligatoires. Tel est le bilan de votre majorité.