Certes, vous luttez contre les inégalités scolaires avec le dispositif « Devoirs faits », qui ressemble aux programmes personnalisés de réussite scolaire – PPRE – de la loi Fillon, ou encore en déployant des moyens supplémentaires pour les élèves handicapés. Le moment n'est-il pas venu de donner une plus grande autonomie aux établissements scolaires ? La réussite de l'enseignement agricole devrait nous inciter à aller dans cette direction dans les collèges et les lycées, mais aussi dans les écoles primaires et les regroupements pédagogiques intercommunaux, où les directeurs n'ont toujours pas de véritable statut.
Après la commission élargie, permettez-moi d'insister sur l'importance de la formation initiale et continue des enseignants et sur l'attractivité de leur métier. Je suis favorable à une revalorisation salariale et à des plans de carrière, en contrepartie d'une redéfinition du temps de travail, partagé entre enseignement dans la classe, présence dans l'établissement et formation continue. La formation est une pierre angulaire dans la construction d'une carrière enseignante. Le rapport pour avis sur la scolarisation des enfants allophones en est une bonne illustration.
Comme l'a montré le rapport de la mission d'information sur la formation des enseignants d'octobre 2016, « Enseignant, un métier qui s'apprend tout au long de la vie » – dont j'étais membre, de même que la rapporteure pour avis – la formation continue est aujourd'hui malheureusement réduite à peau de chagrin. Il est vital de la développer eu égard aux adaptations nécessaires à la société du numérique, à la gestion de la violence scolaire ou encore à l'accueil de publics spécifiques.
Le dernier rapport de la Cour des comptes va d'ailleurs dans le sens des évolutions que je viens d'évoquer : renforcer le rôle des directeurs, principaux et proviseurs pour organiser leurs établissements, les adapter aux profils des élèves qu'ils accueillent, annualiser les services, mieux utiliser les heures supplémentaires, constituer un meilleur vivier de remplaçants ou encore consolider l'école du socle, qui permettrait des échanges entre professeurs du premier et du second degré.
Pour terminer, monsieur le ministre, j'aurai deux questions. Vous avez affirmé que vous aviez recours aux listes complémentaires, « avec discernement », notamment dans les académies en tension. Mais quel est l'intérêt d'avoir de longues listes complémentaires pour les concours de recrutement de professeurs des écoles, si l'on considère que les personnes qui y figurent n'ont pas le niveau requis et si l'institution fait appel prioritairement à des contractuels ?
Enfin, la ministre de l'enseignement supérieur, en présentant le plan étudiants en commission la semaine dernière, a annoncé le projet de nommer deux professeurs principaux en terminale. En effet, 94 % des lycéens souhaitent un accompagnement personnalisé pour une meilleure orientation, afin de mieux affronter la future plateforme d'affectation post-bac. Quel sera le coût de cette mesure et comment sera-t-elle mise en oeuvre ?
Il y a incontestablement un changement de cap dans la politique éducative de ce gouvernement. Notre groupe défendra trois amendements : l'un concernant le système d'information de gestion des ressources humaines – SIRH – dont le coût a explosé et dont l'efficacité reste à démontrer ; un autre sur les subventions aux lycées agricoles privés ; et le dernier sur les disparités existant dans les équipements en manuels scolaires. Nous nous abstiendrons sur ce budget et suivrons de près les réformes annoncées.