Intervention de Sabine Rubin

Séance en hémicycle du lundi 13 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Rubin :

Bien entendu, nous saluons votre action quand il s'agit d'assurer des classes de douze élèves dans les REP+, de mieux accompagner les élèves en situation de handicap grâce au maintien des contrats aidés, qui s'accompagnent de formation, ou de réintroduire des classes bilangues par exemple. Mais vous n'apportez aucune réponse sur des sujets aussi fondamentaux que les remplacements et le rôle des listes complémentaires susceptibles d'y répondre de manière convenable, ou le problème des contractuels, dans le primaire mais aussi dans le secondaire. Là, on connaît des situations véritablement rocambolesques ! Comme le dénonçait un reportage d'« Envoyé spécial », 25 000 contractuels sont recrutés chaque année pour 1 500 euros par mois, sans avoir non seulement la formation d'enseignant, mais même la connaissance la plus élémentaire de la discipline enseignée. Monsieur le ministre, comment comptez-vous répondre à cette pénurie ?

Autre problème chronique : les classes surchargées. Au lycée Jean Renoir de Bondy, où j'intervenais récemment, les classes de terminale ne comprennent pas moins de 35 élèves – probablement une manière de préparer les élèves aux cours en amphithéâtre à l'université, me direz-vous !

Permettez-moi, enfin, de signaler la situation des collectivités territoriales, qui participent jusqu'à hauteur de 20 % au budget de l'éducation et à qui vous demandez déjà tant.

Voici à ce propos, monsieur le ministre, quelques informations en direct de la Seine-Saint-Denis. Dans les écoles communales de Bagnolet et de Stains, des élèves ont dû suivre les cours en manteau, faute de chauffage. Au lycée Olympe de Gouges, dans ma circonscription, il y a pénurie d'agents d'entretien et ceux-ci sont à la limite du burn-out, faute de remplacements et de postes supplémentaires. Le lycée reçoit en effet 400 élèves de plus cette année dans douze préfabriqués soit 600 mètres carrés de surface en plus à nettoyer. Voilà aussi la réalité.

Et sur qui comptez-vous pour le dispositif « Devoirs faits », sinon sur le bénévolat des AVS, le volontariat des enseignants ou des associations locales, déjà exsangues ?

La hausse de 1,3 milliard d'euros des crédits de la mission ne permet pas de répondre aux problèmes que je viens d'évoquer. Elle est en complet décalage avec les nécessités de base de la mission. Selon nous, ce sont 14 milliards de plus qui seraient nécessaires pour répondre aux enjeux d'une éducation nationale qui aurait cette simple ambition d'être gratuite, laïque, obligatoire et de qualité pour tous.

Pour ce qui est de la gratuité, nous avons donc demandé des rapports d'information, d'une part sur le coût de la mise en place de cantines scolaires bio et à circuit court, qui seraient une manière de lutter contre des inégalités qui se retrouvent aussi dans l'assiette, et d'autre part sur le coût des fournitures scolaires, plus particulièrement dans les filières professionnelles.

À propos de la laïcité, nous remettons en cause l'augmentation du budget réservé aux écoles privés. Le sujet reste certes plus que jamais sensible, mais nous savons que la demande grandissante des parents pour le privé ne tient pas tant à la recherche d'un enseignement à caractère religieux qu'à celle d'un enseignement de qualité. Or, nous nous opposons à cette tendance à privatiser le service public sous prétexte de ses défaillances. Il s'agit là d'une technique de privatisation très bien décrite par Noam Chomsky : pour privatiser un service public, il faut commencer par réduire son financement. Il ne fonctionnera plus, les gens s'énerveront et ils voudront autre chose.

Par ailleurs, nos enfants ne sont pas des parts de marché. C'est pourquoi nous refusons les partenariats que l'éducation nationale construit avec des multinationales comme Microsoft, en situation de quasi-monopole.

Enfin, nous militons pour une école obligatoire de trois à dix-huit ans, compte tenu des exigences actuelles en matière de qualification, et pour une école de qualité impliquant un personnel qualifié et valorisé – ce qui passe par la titularisation et la formation des personnels précaires, ainsi que par la valorisation de l'ensemble de la profession.

Monsieur le ministre, pour toutes ces raisons, nous nous opposerons, cette fois encore, à ce budget.

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