Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du lundi 13 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Enseignement scolaire

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale :

Madame la députée, je vous remercie pour votre question, me permettant des clarifications à la fois philosophiques et pratiques.

Commençons par le plan pratique : la situation que j'ai trouvée lorsque j'ai pris mes fonctions de ministre de l'éducation nationale ne saurait être caractérisée par l'égalité. J'ai trouvé de profondes inégalités, d'ailleurs confirmées par des enquêtes internationales, ainsi que par toutes les études disponibles révélant ce qu'il se passait sur le terrain.

C'est vrai pour l'ensemble des sujets que vous avez abordés : c'est vrai pour les rythmes scolaires, qui sont au centre de votre question. En aucun cas, la mesure d'uniformité du rythme scolaire en France n'a assuré une plus grande égalité entre les élèves ; c'est même tout le contraire.

Ce que j'ai vu, c'est d'abord l'hétérogénéité. Ainsi dans plus de 20 % des communes, les élèves n'avaient pas cours le vendredi après-midi. Ce que j'ai vu, c'est une hétérogénéité des moyens. Il y a une différence en effet entre une grande ville comme Paris et un village de montagne ou en zone rurale ou insulaire.

Une égalité de façade dissimulait une réalité faite d'inégalités profondes. Ce que vous venez de défendre, c'est peut-être une égalité théorique ; ce que nous sommes en train de faire, c'est de l'égalité pratique. Si 40 % des communes ont fait ce choix librement, en lien avec leur communauté éducative, c'est parce qu'elles le désiraient profondément. C'est aussi parce que cela correspondait à un besoin. Les enquêtes montrent un taux d'approbation de cette mesure dépassant les 80 %. Vous devriez craindre d'être à contre-courant de ce que pense l'immense majorité des gens sur un tel sujet.

Vous devriez craindre aussi de vous référer à des études sans fondement. Aucune étude ne prouve la supériorité de la semaine de quatre jours et demi sur celle de quatre jours, c'est même le contraire : l'étude la plus robuste en la matière, celle de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance – DEP – du ministère, d'ailleurs commandée par ma prédécesseure, montre que cela n'a pas d'incidence sur la performance scolaire et qu'il n'y a pas de supériorité d'une formule sur une autre.

Ce qui est important, c'est la liberté que nous avons permise. Nous continuons à soutenir financièrement les communes qui restent à quatre jours et demi. C'est donc un système de liberté et de pragmatisme que nous avons souhaité, et non un système d'uniformité.

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