Le Président de la République a choisi de faire de l'égalité entre les femmes et les hommes une grande cause nationale, et nous avons bien noté votre engagement de consommer totalement le budget de 30 millions d'euros qui y est consacré cette année.
Le point principal de ce budget reste donc votre choix de revaloriser l'allocation aux adultes handicapés, pour la porter de 810 euros à 900 euros par mois. Ce choix est conforme à vos engagements, même si nous restons vigilants en ce qui concerne la situation des couples. Sur ce sujet, je vous ai interrogée lors des questions au Gouvernement, madame la ministre, et je suis également intervenu en commission élargie : tirant les enseignements de ces questions, vous m'avez répondu que vous travailliez à un lissage visant à ce qu'aucun couple ne soit perdant. Nous restons dans l'attente d'explications. Les associations ont d'ailleurs saisi le Premier ministre dès le mois de septembre, et je suis heureux d'apprendre que celui-ci va prochainement leur répondre.
Nous maintenons que la hausse de la contribution sociale généralisée va pénaliser les aidants familiaux. Lors du débat sur le PLFSS – le projet de loi de financement de la Sécurité sociale – , le ministre de l'action et des comptes publics s'est engagé à revoir cette situation. Nous restons là encore dans l'attente de réponses.
Enfin, malgré vos explications en commission, nous continuons à ne pas comprendre que la prime d'activité ne puisse plus bénéficier aux personnes relevant de rentes au titre du régime des accidents du travail et des maladies professionnelles. Faire des choix politiques, c'est aussi accepter que personne ne soit perdant. En l'état actuel du projet de loi de finances, ce n'est pas le cas, du moins dans ce domaine.
Vous souhaitez développer une politique inclusive, à laquelle nous adhérons tous. Mais nous pensons aussi qu'il convient de porter une attention particulière aux situations les plus difficiles, pour lesquelles nous savons que cette inclusion ne sera pas toujours possible. Madame la ministre, si je partage les grandes orientations du Président de la République en matière de politique en faveur des personnes en situation de handicap, un point ne manque pas de m'inquiéter et d'inquiéter aussi les associations de parents d'enfants handicapés, qui ont longuement oeuvré pour construire un réseau d'établissements spécialisés dans l'accueil de leurs enfants devenus adultes et, pour beaucoup aujourd'hui, personnes handicapées vieillissantes. Le Président propose d'« accélérer la transformation de l'offre sociale, médico-sociale et sanitaire pour permettre une bascule rapide et d'ampleur au profit de l'accompagnement, spécialisé si nécessaire, en milieu ordinaire ». Je ne souhaite pas, pour ma part, que ce qui a été construit par les familles elles-mêmes – je pense aux ESAT, aux foyers de vie et à toutes les structures qui accueillent des personnes souvent lourdement handicapées – soit demain réduit à néant, alors que, vous le savez, madame la ministre, ces établissements ont un besoin urgent de places nouvelles, et qu'il nous faudra demain y mettre les moyens.
En conclusion, madame la ministre, madame la secrétaire d'État, en matière de handicap, vous nous trouverez à vos côtés, chaque fois qu'il s'agira d'améliorer la situation des personnes handicapées, de tendre vers plus d'autonomie tout en assurant la compensation indispensable à toute situation de handicap, à condition que vous restiez particulièrement vigilante vis-à-vis de la situation de chacune et de chacun, tant cette politique a besoin d'être individualisée. Sous cette réserve, et sous réserve des réponses que vous apporterez à nos questions, le groupe Les Républicains pourrait voter pour ce budget.