Intervention de Jean-Paul Dufrègne

Séance en hémicycle du jeudi 9 juillet 2020 à 9h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2020 — Article 18 (appelé par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Dufrègne :

Avec l'amendement de mon collègue Sébastien Jumel, nous proposons d'intégrer l'agriculture, plus particulièrement la filière laitière, au plan de soutien exceptionnel et aux mesures d'allégement de cotisations – même si d'autres secteurs, comme la viticulture, sont également à retenir. Durant la crise et encore aujourd'hui, la filière laitière a fait face à une situation sans précédent : les producteurs ont dû consentir des arrêts de fabrication et de collecte dans près d'une vingtaine de filières d'appellation ; 10 % des producteurs se sont retrouvés en situation de grande détresse ; la moitié des filières AOP et IGP ont d'ores et déjà dû recourir à des dons alimentaires pour éviter de jeter leurs produits. En effet, la vente de fromages, notamment à la coupe, a plongé de près de 60 % au plus fort de la crise.

Les difficultés persistent aujourd'hui avec la baisse prolongée du prix du lait. Au sein de la filière laitière, les productions sous signe de qualité et d'origine sont allées jusqu'à opérer des destructions de produits face à la perte de débouchés. L'avenir des fromages normands, si chers à mon collègue Sébastien Jumel – le camembert, le livarot, le neufchâtel ou encore le pont-l'évêque – est particulièrement fragilisé ; près de 1 000 tonnes de fromage sont encore menacées de destruction à court terme si aucun débouché n'est trouvé.

Sans bénéficier d'un soutien franc de l'Union européenne, la filière s'est résignée à constituer des stocks de lait écrémé en poudre et de beurre, avec pour corollaire la baisse durable des cours. Ce stockage massif interroge également sur la capacité d'écoulement dans les mois à venir.

Confrontée à l'assèchement des débouchés, la filière laitière a conduit une opération de réduction volontaire de la collecte de lait en contrepartie de la création d'un système d'indemnisation professionnelle – un fonds d'indemnisation doté de 10 millions d'euros et financé à 75 % par les producteurs. Dans ce contexte, le ministre de l'agriculture et de l'alimentation s'était engagé à soutenir les fromages sous signe de qualité, annonçant que la filière laitière serait éligible, dans ce nouveau PLFR, aux exonérations de cotisations. Bien qu'insuffisante pour compenser les besoins réels des acteurs, cette annonce de compensation était attendue par la filière.

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