Si la e-santé est l'un des résultats des avancées technologiques, c'est aussi le fruit d'une politique de santé désastreuse : 9 000 communes, et pas seulement des communes rurales, soit 5,3 millions d'habitants, vivent dans de véritables déserts médicaux, et ces chiffres n'iront pas en s'améliorant. Encourager la e-santé, oui, mais seulement quand elle permet une meilleure information ou une opération à des milliers de kilomètres de distance. Encourager la télémédecine, oui, mais comment parler de télémédecine dans des territoires où la couverture numérique n'est même pas assurée ? Quelle vision de la médecine ce projet véhicule-t-il ? Telle est la question que nous devons nous poser.
Le serment d'Hippocrate, vieux de 2 500 ans, nous aide à y répondre : « Je dirigerai le régime des malades à leur avantage [… ] et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice. » Qu'en est-il avec la télémédecine ? Elle rompt les relations entre le patient et le médecin, pourtant indispensables ; elle n'assure plus un suivi médical de qualité ; elle crée une iniquité entre les patients ; elle est un signe de renoncement vis-à-vis des communes car une commune sans médecin est une commune qui se meurt.
L'implantation de médecins dans les déserts médicaux n'est plus une option : c'est une urgence. Les allégements fiscaux peuvent être une solution, tout comme l'augmentation du nombre d'étudiants en médecine admis en deuxième année. Alors oui, c'est vrai, ces étudiants ne seraient formés que dans dix ou quinze ans, mais au moins ils seront là pour nos enfants. Les 26 % de médecins à la retraite qui continuent d'exercer leur métier ne sont pas la solution, ni les 11,8 % de médecins munis d'un diplôme étranger, synonyme d'une formation d'une qualité parfois grande.