Je crains que ceux-ci voient dans ce dispositif une charité maladroite, alors même que leurs revendications sont ailleurs. Il y a aussi le risque de provoquer une frustration immense pour tous ceux qui voudraient donner alors qu'ils n'en ont pas les moyens, pour les potentiels bénéficiaires qui, peut-être nombreux, ne verront pas le fruit de cette solidarité si les dons ne sont pas suffisants, mais aussi pour ceux qui, en dépit de leur mobilisation immense pendant la crise, ont été écartés du dispositif. En effet, nous oublions d'autres personnes qui mériteraient tout autant de reconnaissance. Certes, les aides à domicile ont été intégrées dans le dispositif, mais d'autres salariés tout autant mobilisés pour que notre société continue de fonctionner, bien au-delà de la gestion de la crise sanitaire, ne pourront en bénéficier.
Enfin, alors que les concertations du Ségur de la santé touchent à leur fin, nous rappelons que notre priorité doit être de trouver des solutions pour sauver et pérenniser notre système de santé, revaloriser les carrières à l'hôpital, investir massivement et changer son mode de financement. Pour relever ce défi, il sera bien question de solidarité, mais d'une solidarité nationale, organisée, celle de la sécurité sociale où l'État ne se désengage pas, mais au contraire garantit que chacun contribue selon ses moyens, plutôt que selon sa bonne volonté. Voilà la solidarité que nous devons encourager et sur laquelle, en tant que parlementaires, nous avons un rôle à jouer.
Aujourd'hui, alors que nous sortons de l'état d'urgence sanitaire et que notre pays parvient à peine à retrouver un semblant de vie ordinaire, je ne peux m'empêcher de regarder la situation chez nos voisins et d'écouter les alertes du conseil scientifique sur la possibilité d'une nouvelle vague à l'automne. Je ne peux que m'inquiéter pour les personnels soignants, éprouvés depuis si longtemps. Ces personnels, qui ne sont pas assez nombreux, pas assez reconnus et valorisés dans leur travail, auront-ils pu bénéficier de repos, seront-ils mieux protégés, auront-ils la force physique et mentale d'affronter une nouvelle vague ? C'est à ces questions que nous devons apporter des réponses pour soutenir nos soignants dans leur mission. Tout le reste, les chèques-vacances, les médailles sont bien dérisoires face à ces enjeux.