Vous voici donc de retour avec cette proposition de loi qui appelle les salariés à donner leurs jours de repos – et désormais leurs jours de travail – pour payer des chèques-vacances aux soignants. Vous nous forcez donc à vous redire que, pour nous, elle est à côté de la plaque. Elle l'est d'abord parce que la revendication des personnels hospitaliers n'est pas de toucher des chèques-vacances, et encore moins de prendre des jours de repos à d'autres actifs. Ils et elles aimeraient déjà bien pouvoir prendre les leurs et, à défaut, se les voir payer ; elle l'est ensuite parce que les applaudissements du confinement consistaient d'abord en une reconnaissance sociale, dont il était clair qu'elle était étrangère depuis trois ans à tous les plans de financement de la sécurité sociale et à tous les plans réunis d'urgence pour l'hôpital.
De deux choses l'une : soit vous n'avez pas vu tout cela et vous voulez simplement organiser une sorte de cadeau de fin d'année que vous ne financez pas comme il se doit ; soit vous l'avez bien vu et il s'agit d'une tentative de détournement de solidarité. Dans les deux cas, vous avez conscience qu'il y a un problème dans le traitement des personnels hospitaliers.
Là encore, il y a deux possibilités : soit vous cherchez à vous faire pardonner à peu de frais, mais le procédé est voué à l'échec ; soit vous vous dites qu'en les aidant à partir en vacances, vous les aidez aussi à revenir, parce que vous savez combien nous avons besoin d'elles et d'eux. Dans ce cas, écoutez-les et ne trouvez pas des idées qui sont des gadgets et qui ne contentent personne.