Intervention de Christophe Naegelen

Séance en hémicycle du jeudi 23 juillet 2020 à 9h00
Débat d'orientation des finances publiques pour 2021

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Naegelen :

Le débat d'orientation des finances publiques prend une dimension toute particulière cette année, notamment pour tracer un chemin de crête en réponse à la crise que nous vivons.

Avant de nous projeter dans les futurs textes budgétaires, jetons un oeil dans le rétroviseur : 2019, qui fut la dernière année pleine avant le déclenchement de la crise sanitaire, témoigne des efforts, de l'amélioration ou en l'occurrence de l'absence d'amélioration des finances publiques au cours des trois premières années de ce quinquennat.

Nous l'évoquerons cet après-midi lors de la lecture définitive du projet de loi de règlement du budget : en résumé, la situation des finances publiques avant la crise actuelle n'était pas suffisamment saine pour nous permettre d'affronter le choc, ce que le groupe UDI et indépendants n'a cessé de dire depuis trois ans. Le redressement est inachevé, malgré une conjoncture favorable pendant les trois premières années du mandat.

Ainsi, en dépit d'un contexte conjoncturel assez favorable depuis 2017, nos finances publiques ne se sont pas significativement redressées, ce que confirme la Cour des comptes dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques de 2019, dans lequel elle évoque un redressement inachevé. Les efforts réalisés ont été absorbés dans la baisse des prélèvements obligatoires que vous avez initiée et que nous avons soutenue. Puis la situation s'est accentuée suite aux mouvements sociaux de l'automne 2018 et la baisse des recettes n'a pas été accompagnée d'une maîtrise suffisante des dépenses publiques pour permettre à la France de garder le contrôle de ses choix budgétaires.

Le bilan de la stratégie de redressement des finances publiques du Gouvernement depuis 2017 atteste qu'elle a consisté, pour l'essentiel, à repousser l'effort de redressement sur les deux dernières années du quinquennat. Les objectifs d'économie étaient bien évoqués mais sans que les pistes ou les mesures permettant de les atteindre ne soient précisées.

Nous avons donc abordé cette crise dans une situation financière peu favorable, où la dette et le déficit atteignaient des niveaux élevés, ce qui nous a empêchés de disposer des marges de manoeuvre financières suffisantes pour l'affronter.

Hélas, la crise est survenue, provoquée par la pandémie. Elle a touché l'ensemble des pays de la planète et singulièrement la France, en 2020. Les conséquences pour notre pays sont terribles tant pour l'économie que pour les finances publiques et nos concitoyens.

Selon la dernière prévision du Gouvernement, le niveau du déficit public devrait atteindre 11,4 points de PIB contre 2,2 prévus dans la loi de finances initiale pour 2020. La dette publique rapportée au PIB croîtrait à plus de 121 % du PIB, ce qui représente une augmentation de près de 270 milliards d'euros. Ces niveaux historiques n'avaient jamais été atteints.

Cette dégradation est liée à la baisse des recettes qui a suivi le choc économique mais aussi à la hausse de la dépense publique qui résulte des mesures adoptées pour soutenir l'économie.

Il faut rendre à César ce qui lui appartient : le Gouvernement a réagi rapidement et a su adapter les mesures en faveur de la préservation du tissu économique et de l'emploi aux remontées du terrain. Ainsi, le dispositif du chômage partiel a été salué par l'ensemble des acteurs du monde économique. Cependant, la stratégie et le plan de relance se font toujours attendre. Le Premier ministre a annoncé la mobilisation de 100 milliards d'euros sur deux ans pour redresser l'économie française. Très bien ! Toutefois, le contenu précis de ce plan de relance n'est toujours pas connu alors que le temps presse car nous venons d'entrer dans une nouvelle phase : il ne s'agit plus de mettre en sommeil l'économie du pays mais bien de la stimuler de manière ciblée et massive.

Ce plan devrait être présenté le 24 août, ce qui signifie qu'il ne pourra entrer en vigueur qu'à compter du 1er janvier. C'est bien tard. Nous avons besoin d'un plan de relance dès maintenant, non dans six mois. C'est aujourd'hui qu'il faut investir et proposer des solutions concrètes aux acteurs économiques de notre pays.

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