Intervention de Maxime Minot

Séance en hémicycle du jeudi 23 juillet 2020 à 9h00
Débat d'orientation des finances publiques pour 2021

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaxime Minot :

La dette a augmenté sans discontinuer depuis quarante ans ; les redressements entrepris depuis les années 2000 ont surtout consisté en des hausses d'impôts et la dépense publique n'a jamais vraiment baissé malgré l'environnement favorable de taux bas ; le déficit structurel n'a pas été réduit et reste éloigné de l'objectif à moyen terme, fixé à -0,4 point de PIB par la loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 ; la dépense publique a accéléré en parallèle d'une baisse de prélèvements de près de 10 milliards d'euros – ce qui est d'ailleurs contraire aux politiques budgétaires hétérodoxes de haut de cycle.

Ainsi, selon la Cour des comptes, la France a abordé la crise avec des marges d'action insuffisamment restaurées. Elle insiste sur l'enjeu que constituera, pour les années à venir, la soutenabilité de la dette et souligne que le scénario de reprise du Gouvernement, basé sur un PIB potentiel préservé, est – comme d'habitude – « optimiste ». Du fait de la destruction du potentiel productif, le rééquilibrage spontané des comptes publics ne sera, en réalité, que très partiel.

La Cour avertit, en outre, solennellement : « La France ne peut laisser filer son endettement sans s'exposer à des difficultés majeures à moyen et long terme » ; « Réduire la dette est [… ] nécessaire pour restaurer des marges d'action et pour atténuer les divergences de trajectoire entre pays de la zone euro ».

Enfin, bâtir une véritable stratégie de finances publiques lui apparaît fondamental : il faut, en un mot, sortir de la réaction permanente et s'inscrire dans un cycle long. Un plan de relance est nécessaire, mais le discours doit être clair.

Monsieur le ministre délégué, pendant trois ans, vous avez expliqué aux Français que les caisses étaient vides, mais vous n'avez engagé aucune des réformes structurelles qui étaient indispensables. En quelques semaines, vous avez prouvé à nos concitoyens que les caisses de l'État pouvaient se remplir miraculeusement, sans rappeler pour autant – ce qui est pourtant indispensable – que l'argent public n'est pas gratuit et qu'il nous engage sur plusieurs générations. C'est une erreur profonde, dont il vous faut prendre la mesure rapidement étant donné la probabilité d'une deuxième vague, car nos marges de manoeuvre s'amenuisent drastiquement.

L'État vit chaque jour davantage à crédit. Les illusionnistes qui proposent une dépense publique illimitée mentent aux Français en leur faisant perdre le sens des réalités. Le groupe Les Républicains estime que nous devons abandonner cette conception d'un État qui peut tout et doit tout, car elle pèse sur notre avenir : quel père de famille n'est pas, un jour ou l'autre, dans l'obligation de rembourser sa dette ? L'État français ne pourra pas y échapper. À vous, qui y êtes aux responsabilités, de le rappeler aux Français, sans faux-semblants, ni excuses.

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