L'objectif du PLF pour 2021 est évidemment d'amorcer la reprise et la création de richesse, pour retrouver fin 2022 le niveau de PIB atteint fin 2019. Aux yeux de certains, ce n'est pas assez ambitieux. Bien sûr, nous souhaitons tous que la reprise soit plus rapide. J'espère rassurer en particulier Mme Lemoine en indiquant que notre hypothèse d'un recul de 11 % de la croissance en 2020 a été qualifiée de prudente par le Haut Conseil des finances publiques. Elle fait partie des plus sévères qui aient été émises : un seul prévisionniste est plus pessimiste que l'État français sur ce point, quand six autres anticipent une situation plus favorable, nonobstant – c'est important – le risque d'un ressaut de l'épidémie et d'une dégradation subséquente des conditions sanitaires. Telles sont les raisons qui nous permettent d'espérer retrouver en 2021 un niveau de déficit inférieur de moitié à celui de 2020, puis beaucoup plus acceptable, même s'il faudra quelques années de plus pour atteindre les 3 %, que nous visons à l'horizon 2026-2027, comme l'indiquent les documents que nous vous avons fournis.
Par ailleurs, je l'ai indiqué dans mon propos liminaire, notre orientation s'agissant du budget classique, hors plan de relance, consiste à coller autant que possible au budget triennal, pour deux raisons.
Premièrement, la crédibilité de la signature française sur les marchés financiers dépend du respect de notre programme économique, notamment le choix d'une politique de l'offre et de compétitivité.
Deuxièmement, y coller autant que possible est la condition pour pouvoir s'en éloigner quelque peu afin de financer de nouvelles priorités, dont l'insertion et l'emploi. À cet égard, Mme Dupont trouvera dans le PLF pour 2021 des réponses à ses attentes touchant le financement et l'accompagnement de l'insertion par l'activité économique, une bonne piste de travail. Ces priorités concernent également l'éducation nationale, l'enseignement supérieur et la justice, dotée, je l'ai dit, d'une augmentation de crédits de 6 %, destinée à rattraper le léger ralentissement observé ces deux dernières années, par un défaut d'exécution imputable à des raisons que tous connaissent et comprennent, par rapport aux objectifs de la loi de programmation et de réforme pour la justice.
Enfin, Bruno Le Maire et moi-même sommes particulièrement attentifs à la nature du plan de relance, qui doit être massif, rapide et efficace : il faut que ses mesures soient conjoncturelles. Lorsqu'il aura été mis en oeuvre et que nous aurons retrouvé le niveau de richesse de la fin 2019, la part des dépenses publiques dans le PIB ne devra pas être supérieure à ce qu'elle était alors – au contraire, puisque nous devons maintenir la tendance à son allégement.
Les dépenses du plan de relance doivent donc être réversibles : il convient qu'elles puissent être examinées et pilotées en cours de route, de sorte que des crédits dont il apparaîtrait qu'ils ne peuvent être engagés dans ce cadre soient le cas échéant redéployés, voire annulés. La perspective de l'annulation est parfois la meilleure des motivations pour engager des crédits et pour les allouer à des projets susceptibles d'être concrétisés. Nous serons vigilants sur ce point : le plan de relance ne doit pas déclencher un effet de cliquet qui nous placerait dans une situation plus défavorable qu'avant la crise. C'est aussi l'enjeu des prochaines semaines et des débats budgétaires que nous aurons à partir de septembre.
Le nombre d'interventions et leur richesse ne me permettaient pas de répondre à tous – je n'ai notamment rien pu dire des questions de dette et de compétitivité soulevées par Jean-Noël Barrot – et m'ont obligé à employer un style quelque peu télégraphique dont je vous prie de m'excuser. Mais nous aurons des heures de séance à la rentrée pour creuser les points abordés, afin d'être efficaces ensemble.