Liberté, égalité, fraternité : cette loi s'articule parfaitement autour de notre devise, précisément parce que la rencontre entre la science et la société interroge l'éthique de notre République.
Ce texte est-il une loi d'égalité ? Soyons francs : du point de vue du couple, non. L'égalité du vécu charnel dans le couple lors d'une AMP n'est pas possible car, dans un projet parental, hétérosexuel ou homosexuel – pardonnez la familiarité des propos qui vont suivre, mais le réel est ainsi – , il n'y a pas d'égalité entre celle qui, tous les jours à la même heure, doit s'enfermer dans une salle de bain pour se piquer dans le bas-ventre et celui ou celle qui l'attend dans le salon ; pas d'égalité non plus lorsque vous endossez un traitement hormonal qui vous fait jongler, à la fois physiquement et du point de vue de votre tempérament ; pas d'égalité non plus lorsque vous êtes celle qui, pendant quinze jours, tous les matins avant d'aller au travail, doit faire une prise de sang et une échographie intravaginale pour surveiller la croissance des follicules et s'entendre dire un beau matin : « C'est aujourd'hui qu'on vous prélève, annulez tous vos rendez-vous, nous partons au bloc. »
En revanche, l'équité et la justice sont possibles dans la sphère intime ; mais cela n'est pas l'affaire de la loi. Ce qui est du domaine de la loi, c'est le fait que nous puissions accompagner ces femmes, ces couples, ces familles, dans le cadre le plus respectueux possible.
Dans cette perspective, je vous propose d'évacuer des débats certains postulats ineptes émis en commission spéciale. N'entendons plus résonner en ces lieux les vocables de « caprice » « lubie » ou « fantaisie » des femmes.