Devenir parent, c'est accepter de se décentrer de soi pour se consacrer à autrui. Certes, il est des parents qui peuvent se montrer réticents à prendre soin d'autrui ou refuser de le rendre indépendant. Mais ce n'est pas le cas des familles dont nous parlons. En acceptant le don d'un tiers pour faire advenir leur projet de vie, ces parents ont dû en amont abandonner une part d'eux-mêmes, se décentrer de leur chair et accepter celle d'autrui pour se concentrer sur l'essentiel : le sujet à venir, l'enfant. Une maturité extraordinaire s'acquiert au cours de ce parcours parental. Un jour, peut-être lors de la prochaine loi de bioéthique, nous pourrons débattre autour de la création d'un statut du donneur et apporter à celui-ci une reconnaissance sociétale – je sais que certains y tiennent. Cela marquerait la fin du tabou des origines.