Au cours de son histoire, notre pays a connu une incroyable évolution des droits et des libertés dévolus à chaque individu, au prix de combats souvent difficiles. Et que dire des droits obtenus par les femmes, au prix de combats sans doute plus éprouvants et plus frénétiques encore ? Alors qu'elles étaient écrasées par la puissance patriarcale et que leur infériorité était institutionnalisée par le code civil de 1804, leur place et leur condition se sont modifiées, dans un monde en constante évolution, et ont lentement poussé la législation à leur accorder de nouveaux droits. Ce n'est qu'en 1944 que les femmes ont pu s'exprimer dans les urnes, en 1965 qu'elles ont pu exercer une profession sans l'autorisation de leur époux, et en 1970 qu'elles ont enfin partagé l'autorité parentale.
À chacun de ces moments – comme à tous les autres, d'ailleurs – , il a été question de traiter avec courage et responsabilité une difficulté de société, à un moment précis de notre histoire. Ce fut le cas en 1975 lors des discussions particulièrement longues et passionnées consacrées à l'interruption volontaire de grossesse, ayant abouti à la loi Veil. Les débats n'ont pas été faciles à l'époque, et ils ne le seront pas davantage aujourd'hui, concernant notamment l'extension de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes. J'ai conscience qu'il vous sera demandé le même courage et la même responsabilité qu'en 1975, car l'objectif est identique à celui qu'exprimait alors Simone Veil : « mettre fin à une situation de désordre et d'injustice et [d'] apporter une solution mesurée et humaine à un des problèmes les plus difficiles de notre temps ».
La passion qui m'anime ne me fait pas oublier les autres avancées majeures que contient le projet de loi bioéthique, qui visent notamment à lutter contre les discriminations. Je pense en particulier à mon amendement, identique à celui d'Hervé Saulignac, adopté à l'article 7 bis, qui a pour objet d'éviter l'exclusion des donneurs de sang en raison de leur orientation sexuelle.