Monsieur le rapporteur, vous avez affirmé que toutes les études montraient une absence de différences entre un enfant élevé par un couple homoparental et un enfant élevé par un couple hétérosexuel. Vous avez dit qu'il n'y avait strictement aucune différence.
Pourtant, le Comité consultatif national d'éthique – CCNE – , qui a donné un avis favorable à l'accès à la PMA pour toutes les femmes et qui ne peut donc être suspecté de parti pris, a une position exactement contraire. Il a en effet conclu que les études démontrant l'absence de différence n'étaient pas scientifiques mais militantes.
Il est vrai que, pour l'enfant, la famille normale est la sienne : il ne connaît que celle-là et ne peut en concevoir d'autre forme. Mais cela ne signifie pas qu'être privé de son père n'entraîne pas de difficultés pour lui.
J'ai entendu que l'intérêt supérieur de l'enfant appartenait à tous. Non. L'intérêt supérieur de l'enfant appartient à l'enfant et à lui seul. J'ai également entendu que chacun des membres de cette assemblée avait sa définition de l'intérêt de l'enfant. Non ! L'intérêt de l'enfant a un contenu objectif, qui suppose au minimum le respect de ses droits. Or la Cour européenne des droits de l'homme déduit du droit au respect de la vie privée un droit à la connaissance et à la reconnaissance de ses origines. Le respect de la vie privée comprend en effet non seulement le droit pour chacun de connaître son ascendance, mais aussi le droit à la reconnaissance juridique de sa filiation. La Cour énonce que l'enfant a un intérêt « capital » à obtenir les informations qui lui permettent de connaître la vérité sur un aspect important de son identité personnelle, c'est-à-dire l'identité de ses parents biologiques. L'intérêt de l'enfant réside avant tout dans la connaissance de ses origines et dans l'établissement de sa filiation réelle.
Comment donc prétendre défendre l'intérêt de l'enfant quand on organise, dans la loi, la méconnaissance de ses droits ?