Beaucoup a été dit déjà, aussi insisterai-je sur un point : la réalité du dispositif. Une fois que vous admettez le principe d'une telle extension de l'AMP, il faut en effet le confronter à la réalité du dispositif et vous savez que cette réalité, c'est celle d'une technique médicale qui est sophistiquée, qui échoue quatre fois sur cinq, qui représente un coût pour la collectivité et qui consomme une ressource rare. On voit donc bien que l'extension de l'AMP aux couples de femmes et aux femmes seules risque d'aggraver la pénurie des dons. Or, du fait du manque de donneurs, les couples ayant recours à l'AMP avec tiers donneur pour cause d'infertilité doivent déjà attendre, à l'heure actuelle, entre un à trois ans avant de pouvoir bénéficier d'un don de gamètes.
Aussi, en élargissant le champ des bénéficiaires du don de gamètes, la pénurie s'aggravera-t-elle. Et face à cette pénurie des dons, l'extension de l'AMP nous expose, comme le souligne le comité consultatif national d'éthique, à une marchandisation croissante. Notre collègue Hetzel a insisté tout à l'heure sur ce point : la marchandisation croissante des gamètes humains débouchera sur un véritable business de la procréation.
Qu'on le veuille ou non, il y aura donc forcément des conflits d'accès à la ressource, avec, d'un côté, la nécessité de rejeter certains projets parentaux et, de l'autre, celle de gérer une file d'attente. Aussi, monsieur le ministre, comment envisagez-vous ces arbitrages à venir ?