– Celui qui saisit pose la question, celui qui est saisi choisit la réponse. A contrario, une saisine, c'est aussi l'occasion d'évoquer des questions que l'on ne nous pose pas.
Comme citoyen, je m'interroge. Pourquoi les avis divergent-ils entre agences sur le même produit ? De la part de ces instituts tous expérimentés, on attendrait plutôt une convergence scientifique. Il serait bon de parvenir à expliquer cela.
Ensuite, le langage du scientifique diffère de celui du politique et de celui du journaliste. Les scientifiques débattent en experts, un mot sort dans le débat public, ici « cancérogène », qui n'est pas compris par le citoyen comme il l'est par le scientifique.
À la Cour des comptes, j'ai participé à des débats sur des sujets de comptabilité. Nos propos d'experts, lus par un profane bien ou mal intentionné, pouvaient emporter des conséquences dépassant de loin ce que nous avions imaginé, parce que nous n'avions pas intégré leurs conséquences médiatiques ou politiques. Le sens des mots peut changer entre le langage scientifique et le débat public. Quel rôle devons-nous jouer pour traduire cela ?
Enfin, le glyphosate est un symbole. Nous vivons dans une société où les marchands de peur agitent des hochets, qui finissent par cerner le citoyen. Linky émet des ondes, la viande rouge provoque le cancer, le tabac tue, etc. Ces risques paraissent équivalents, alors que ce n'est pas le cas. Nous devons profiter de ce sujet pour conduire les politiques à réfléchir à la manière dont nous abordons ces questions.