Je suis pour ma part, madame Bannier, en parfait accord avec ce que vous venez de dire, à une exception près.
L'objet de cet article 3 – et, tout comme vous, j'en suis fier – est en effet d'en finir avec le mensonge et avec les secrets de famille, que les enfants ressentent souvent au plus profond d'eux-mêmes, et de permettre le dialogue. J'ai beaucoup parlé de transparence et de dialogue, ce matin : je vous suis donc parfaitement sur ce terrain. On peut espérer que, demain, les parents qui ont eu recours à un tiers donneur pourront en parler avec leur enfant de façon dépassionnée et déculpabilisée.
Néanmoins, permettez-moi de prendre l'autre point de vue : celui de l'enfant. Imaginez un ado de quinze ou seize ans, en relation conflictuelle avec ses parents. Aura-t-il envie que ses parents disposent d'un droit qui lui est attaché, qui a trait à ses origines et dont il ignore ce qu'ils feront ?
Restons-en donc à l'affirmation d'un principe général, protecteur, respectueux de la liberté et de la responsabilité de chacun, et qui permettra à l'enfant, à sa majorité, d'avoir accès au récit de ses origines et ainsi de se construire pleinement – car c'est bien là notre objectif. Je pense que c'est un droit qui doit rester attaché à l'enfant ; l'accès à ses origines relève de son libre choix, de sa décision personnelle – d'ailleurs, il peut très bien, à 18 ans, décider de ne pas aller voir ce qui s'est passé. Je ne vois pas pourquoi on transférerait ce droit à d'autres, quand bien même – et sans vouloir les opposer pour autant – ce seraient ses parents.