Monsieur le Premier ministre, la première tâche de votre gouvernement et de cette nouvelle assemblée est de retrouver la confiance de nos concitoyens. Cette confiance sera rétablie à deux conditions. La première est de modifier nos pratiques et notre rapport à la démocratie. C'est tout le sens de notre soutien au projet de loi pour la confiance dans notre vie démocratique qui sera débattu prochainement et auquel nous sommes très attachés.
Cela va de pair avec la réforme institutionnelle évoquée hier par le Président de la République : meilleure représentativité des grands courants de la vie politique, réduction du nombre des parlementaires avec, en corollaire, un renforcement de leurs moyens car il ne faudrait pas céder à la démagogie et à l'ambiance inquisitoriale du moment, amélioration des procédures. Tout cela va dans le bon sens.
La deuxième condition a trait à la méthode et à l'état d'esprit tant de notre action parlementaire que de votre gouvernement, monsieur le Premier ministre, avec une nouvelle alliance de la loi et du contrat, du dialogue et du respect, le refus de l'anathème. En résumé, il s'agit d'une stratégie du dépassement des antagonismes que nous connaissions.
Mais rétablir la confiance n'est pas seulement affaire d'institutions ni de méthode. En effet, rétablir la confiance, c'est aussi croire en notre économie, en nos entreprises et en leur faculté à assurer la prospérité de notre pays et de nos concitoyens. C'est également réconcilier la France avec ses entrepreneurs et porter sur eux un regard autre que convenu et, disons le, tellement caricatural ; c'est conjuguer compétitivité et justice sociale en soulignant l'indivisibilité des enjeux économiques et sociaux. Il faut libérer l'activité en permettant à ceux qui peuvent et qui veulent entreprendre de pouvoir le faire, leur donner de l'autonomie, de la liberté et même la possibilité d'échouer car c'est à ce prix-là que l'on leur offre aussi la possibilité de réussir. C'est pourquoi nous vous soutiendrons lors de l'examen du projet loi sur le renforcement du dialogue social comme de l'ensemble des réformes qui, dans les mois à venir, consolideront ce texte pour lutter résolument contre le chômage.
Au-delà des postures d'appareil, essayons, sans dogmatisme ni idéologie, de voir ce qui fonctionne, ce qui ne marche pas ou ne marche plus
Rétablir la confiance, c'est aussi rétablir l'équilibre de nos comptes publics. Il faut le faire vis-à-vis de nos financeurs bien sûr, de nos partenaires européens bien évidemment, mais peut-être en premier lieu, et sur le fond, vis-à-vis des générations futures car il y va de leur confiance. Comment trouverions-nous en effet le moindre crédit politique auprès des jeunes générations si on ne leur offre comme seule perspective que le remboursement de dettes dont elles ne sont pas comptables ? Cette dette-là, comme la dette écologique, est terrible parce que, si elle n'est pas apurée, elle privera ceux qui nous succéderont de toute capacité à agir et, en définitive, de tout espoir – la dette écologique les privant, elle, tout simplement de la possibilité de vivre.
Régler la question de la dette n'est donc pas une question comptable : c'est d'abord, et avant tout, une question morale vis-à-vis des Français et en particulier des plus jeunes d'entre eux. Dans la droite ligne de nos engagements anciens, nous soutiendrons donc toutes les initiatives que vous avez, monsieur le Premier ministre, annoncées pour remettre de l'ordre et de la cohérence dans nos finances publiques.
Nous devrons le faire tout en gardant le cap des engagements pris devant les Français, notamment sur le pouvoir d'achat et les investissements publics, par exemple dans le domaine de la transition énergétique. Monsieur le Premier ministre, je vous remercie d'avoir tout à l'heure réaffirmé le cap des réformes.
Rétablir la confiance, c'est aussi s'adresser aux Français de tous les territoires. Élu, comme nombre d'entre nous, d'un territoire à la fois urbain et rural, j'assume cette complémentarité et en suis fier. Je n'oppose pas les deux et mets en garde contre la tentation de le faire. Veillons à ce que ne se construisent pas deux France que leur fonctionnement rendrait irréconciliables : une France pleinement partie prenante de la mondialisation et une France rurale, mais aussi urbaine, qui se verrait cantonnée au seul rôle de spectatrice du monde.
Pour ces territoires, la puissance publique, dans des formes qu'il nous faudra renouveler, devra s'exercer pleinement. L'on n'imagine jamais assez le sentiment terrible de déclassement que ressentent les habitants d'un village ou d'un quartier lorsqu'ils voient leur dernier médecin partir, leur école fermer ou leur dernier commerce disparaître.