À l'occasion de l'examen du présent projet de loi, le Gouvernement se félicite d'une amélioration du solde budgétaire. Or, en y regardant de plus près, celui-ci ne s'explique que par des hausses de recettes fiscales, qui sont en augmentation d'environ 8 milliards d'euros par rapport aux montants prévus en loi de finances initiale.
Ce dynamisme des prélèvements obligatoires n'est pas une bonne nouvelle ; il ne l'était pas avant la crise et il ne l'est pas davantage pour notre économie de l'après covid-19. En effet, on peut craindre que cette dynamique se renforce à la faveur de la crise. Or, comme nous le répétons depuis si longtemps, la France était déjà tristement célèbre pour son taux de prélèvements obligatoires record en Europe.
Le présent projet de loi doit être pour nous l'occasion de changer de paradigme et d'abandonner nos mauvaises habitudes de trop dépenser, trop nous endetter, trop prélever et trop nous dédouaner sur les générations futures. Avant même que la crise ne nous frappe de plein fouet, le déficit public était supérieur de 0,1 point aux prévisions de la loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022. De même, l'effort visant à restreindre les dépenses publiques demeurait moindre que ce qui était prévu.
Par conséquent, les quelques bonnes nouvelles apportées par le projet de loi ne doivent absolument pas être portées au crédit des décisions prises par le Gouvernement depuis 2017. Pour l'essentiel, elles découlent de facteurs exogènes. Ainsi, le maintien des taux d'intérêt à un niveau très bas a permis de faire baisser la charge des intérêts de la dette, et l'augmentation de 9 milliards d'euros – chiffre gigantesque – des primes à l'émission encaissées en 2019 par rapport à 2018 a permis de réduire son poids au sein des finances publiques.
La manière dont notre économie réagit à la crise nous prouve, si c'était encore nécessaire, que nos finances publiques sont fragiles. Les légères améliorations mises en avant dans ce texte ne sont donc pas du fait du Gouvernement, mais de la conjoncture.
Notre pays a été entraîné dans une crise sanitaire sans précédent qui a bouleversé son économie, et cela sans être suffisamment armé pour combattre.
Nous espérons que la France tirera des leçons de ce bouleversement. Cette crise était imprévisible ; il est de notre devoir, nous le savons désormais, de nous préparer justement lors des périodes de conjoncture plus favorables, car nous payons aujourd'hui le prix fort de ce manque d'anticipation. Regrettant qu'aucune volonté d'assainissement des finances publiques ne se soit manifestée jusqu'à présent, les députés du groupe Les Républicains voteront contre ce projet de loi de règlement.