Comme je m'apprêtais à intervenir sur les médias, j'ai revu, ce week-end, L'homme qui tua Liberty Valance, de John Ford. C'est un western, mais pas seulement : c'est aussi un grand film politique. On y assiste, en direct, à la naissance de la démocratie.
Je vous résume le scénario. Un jeune avocat, Ransom Stoddard, naïf, idéaliste, arrivant de la côte est, vient apporter à Shinbone, dans l'Ouest sauvage, le droit : le droit à l'éducation, le droit de vote. Comme seule arme, il n'a que des textes de loi. Cela ne pèse pas lourd face aux colts de Liberty Valance et sa bande de bandits, tous payés par les gros éleveurs. Alors, quel allié notre héros trouve-t-il ? Le journaliste du coin, Dutton Peabody, qui se range à ses côtés. C'est le fondateur, rédacteur, et aussi balayeur du Shinbone Star, journal qui dénonce, à sa une, les crimes de Liberty Valance. Il accuse les gros propriétaires des ranchs. Il prend la défense des petits fermiers en péril – à ses risques et périls, d'ailleurs : Dutton Peabody sera battu à mort, et son local saccagé par les gros bras des gros éleveurs.