Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du mardi 14 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Médias livre et industries culturelles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Aujourd'hui, dans notre pays, les maîtres de l'armement, les maîtres du bâtiment, les maîtres du luxe, les maîtres de la téléphonie sont aussi les maîtres des médias. Aujourd'hui, dans notre pays, dix oligarques se partagent 90 % de l'audience des quotidiens, 55 % des télévisions, 40 % des radios. Aujourd'hui, dans notre pays, les fraudeurs des Panama papers ou des Paradise papers règnent avec tranquillité sur L'Opinion, Le Parisien, Les Échos, Le Figaro, Libération, BFM-TV, RMC, L'Express et les autres, avec l'approbation complice des politiques. Aujourd'hui, que ces oligarques s'accaparent les richesses ne suffit pas : il faut également qu'ils dominent les cerveaux, qu'ils nous instillent le poison de la résignation.

Maurice Barrès écrivait : « Que les pauvres aient le sentiment de leur impuissance, voilà une condition première de la paix sociale. » Il s'agit donc d'ancrer cette impuissance dans nos têtes, y enraciner le « c'est comme ça », « nous ne pouvons pas ». Depuis cette tribune, je veux le dire à nos concitoyens : nous pouvons. « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » Ils ne sont forts que de notre abandon.

Bien sûr, les médias ne forment pas un bloc monolithique. Ils sont traversés de contradictions et les ordres ne tombent pas, tout drus, de l'actionnaire aux journalistes. Il existe, dans toutes les rédactions, des Dutton Peabody, des fortes têtes, qui résistent, se bagarrent. Je les salue ici, qu'elles soient connues ou inconnues.

Reste la confusion massive des pouvoirs économique, politique et médiatique. J'en prendrai un exemple, pris au sommet, et que vous n'apprécierez pas. En 2010, Emmanuel Macron est banquier chez Rothschild.

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