Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 14 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Mission médias livre et industries culturelles (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Je profite de l'occasion pour réagir à la réponse qui vient de m'être apportée. Vous dites, madame la ministre, que la presse est en très grande difficulté. Je ne citerai qu'un chiffre. À qui vont les milliards des aides directes et indirectes que l'on distribue chaque année ? Principalement à six des onze plus gros milliardaires français, propriétaires de titres de presse et de médias ou investisseurs dans le secteur. Je tiens la liste à la disposition des députés qui souhaitent la consulter.

J'en viens à l'amendement. Alors que la presse reçoit 2,5 milliards d'euros de subventions, aides directes et indirectes confondues, qu'en est-il des kiosquiers ? Le bilan est alarmant : selon le Conseil supérieur des messageries de presse, on compte désormais en France moins de 25 000 points de vente de presse encore en activité, alors que, il y a dix ans, on en recensait plus de 30 000.

En 2015, François Hollande avait déjà été interpellé à ce sujet. La ministre de la culture et de la communication de l'époque, Fleur Pellerin, avait affirmé qu'un projet était en cours d'élaboration pour remédier à ce problème. Rien n'a été fait. Et, en 2016, ce sont encore 740 points de vente qui ont fermé.

Quant aux kiosquiers eux-mêmes, ils vivent de revenus que l'on est en droit de qualifier d'indécents. Jugez vous-même : alors qu'ils travaillent en moyenne 70 heures par semaine, leur salaire tourne autour de 1 300 euros par mois. Et encore, la moitié de la profession ne parvient pas à atteindre cette somme.

Quelle est la solution ? Je vous l'avoue, aucune n'est évidente quand on sait que les ventes de quotidiens et de magazines ont encore diminué de 3,1 % en 2016. Reste cette idée : si l'on déduisait 50 millions d'euros des aides directes à la presse pour venir au secours de cette profession en péril ?

Comme les buralistes et les boulangers, les kiosquiers sont souvent les maillons d'une vie sociale menacée de disparition dans nombre de nos communes. Alors plutôt que de soutenir des entreprises de presse qui appartiennent souvent à des groupes florissants, soutenons les kiosquiers !

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