Il peut sembler incongru d'être rapporteur d'application d'une loi qui n'a pas encore été votée. Néanmoins, au regard de la gestation difficile de ce texte et de la crise sanitaire actuelle, à un an et demi de l'élection présidentielle, il est logique de se préoccuper dès à présent de l'application de mesures très attendues.
Retardé pour cause de covid-19, le projet de loi de programmation de la recherche est décrié par une grande partie de la communauté scientifique. Celle-ci est d'accord sur l'urgence – là est le consensus, madame la ministre – , mais pas sur la méthode. Des chercheurs craignent qu'une recherche compétitive devienne sélective et crée davantage de précarité dans leur profession. Un maître de conférences de Strasbourg met ainsi en garde : « La performance en recherche est une mauvaise chose. On fait de la bonne science si on ne ment pas ; si on nous force à produire, on va se mettre à mentir massivement. »