L'alinéa 54 du rapport annexé vante un système de recherche français qui « a aujourd'hui trouvé un équilibre qui fonctionne ». Nous ne partageons pas cet enthousiasme ; cela s'apparente à un déni de réalité. Nous dénonçons au contraire des inégalités territoriales exacerbées et nous partageons l'analyse d'un collectif d'enseignants-chercheurs et de chercheurs de l'Université de Paris et du CNRS qui redoutent une désertification universitaire et scientifique du territoire.
Ils relèvent par exemple que les initiatives d'excellence, les IDEX, ne concernent que cinq des dix-huit régions françaises et qu'aucune d'entre elles ne se trouve en dehors du territoire métropolitain. À l'intérieur de ces quelques régions favorisées, ce sont les départements les plus riches et, surtout, les nouvelles métropoles régionales issues de la fusion des régions antérieures qui concentrent les investissements d'avenir. À l'intérieur même de la région francilienne, expliquent-ils, « il existe un déséquilibre patent entre les moyens accordés à quelques établissements, pour la plupart parisiens, auxquels s'ajoute le campus de Saclay, et le reste de l'agglomération ». Selon eux, « les établissements des petits sites sont aujourd'hui menacés et dévalorisés au faux prétexte qu'ils ne sauraient tenir le rôle d'université de recherche ».
Le projet de loi renforcera ces inégalités territoriales. Il convient donc d'évaluer, de façon rigoureuse et indépendante, l'impact des politiques publiques de la recherche et de l'enseignement supérieur menées au cours des vingt dernières années, afin d'en tirer toutes les conséquences pour remettre enfin la création et la critique des savoirs au service du bien commun.