L'article 3 vise à créer un dispositif de chaire de professeur junior, voie parallèle et accélérée vers la titularisation. Les jeunes chercheurs font parfois l'objet de politiques très agressives de recrutement à l'international. Nous devons donc nous attacher les meilleurs talents et attirer des profils rares, en leur offrant, en premier lieu, des perspectives de progression de carrière rapide. Songez que l'âge moyen de titularisation dans le corps des professeurs est de 45 ans ! En second lieu, il convient d'adosser les chaires de professeurs juniors à un environnement de recherche favorable : des budgets de 200 000 euros leur seront attribués en moyenne, variables selon les disciplines, financés par l'ANR.
À ceux qui craignent que le système de titularisation par qualification soit détourné, je répondrai que les chaires de professeurs juniors sont une option laissée à l'appréciation des établissements. Cet instrument pourra d'ailleurs leur servir dans le cadre de leur politique de site. Ces chaires constitueront une voie secondaire puisqu'elles ne pourront excéder 20 % des recrutements annuels, soit un potentiel de 1 400 personnes environ sur dix ans, c'est-à-dire moins de 150 recrutements par an pour un corps de professeurs et de directeurs de recherche aux effectifs estimés à 25 000 personnes environ. De plus, ce dispositif entraînera un repyramidage, et chaque titularisation en chaire junior ouvrira un poste en promotion interne pour les chercheurs et les enseignants-chercheurs.
Enfin, contrairement tenure tracks ayant cours dans d'autres pays, le contrat de chaire junior sera spécifique à la France et protecteur, puisqu'il vise une pré-titularisation. Ainsi, des postes seront mis en réserve pour la création de chaque chaire junior.
Ce n'est donc pas une voie de précarisation. Au contraire, les chaires juniors contribueront à l'excellence de la recherche française.