Intervention de Michel Castellani

Séance en hémicycle du mercredi 23 septembre 2020 à 21h30
Programmation de la recherche — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani :

Le projet de loi de programmation de la recherche était très attendu par toute la communauté scientifique. Celle-ci nous a largement dit sa déception.

Les derniers mois nous ont dramatiquement rappelé l'importance de la recherche et des investissements de long terme, mais aussi la nécessité de réconcilier la science, la société et le politique. Au-delà de la dimension sanitaire, que nous espérons conjoncturelle, un ensemble de défis nous attendent pour lesquels la science et la recherche sont nos meilleurs alliées : je pense au bouleversement climatique, aux mutations industrielles et numériques, ou encore aux nécessités du développement durable.

Si le projet de loi dresse souvent les bons constats, le groupe Libertés et territoires considère néanmoins qu'il répond insuffisamment aux enjeux. L'effort budgétaire fourni dans le cadre du plan de relance est important, nous le reconnaissons volontiers. Mais où est la crédibilité lorsque la programmation s'étend jusqu'à 2030, sur plusieurs quinquennats ? Où est l'ambition lorsque l'on fait peser le plus gros de l'effort sur les dernières années de la programmation ? La véritable rupture aurait été, au contraire, de concentrer l'effort dès aujourd'hui pour rattraper notre retard en matière d'investissement.

Autre regret : le déséquilibre entre le financement des appels à projets via l'Agence nationale de la recherche et les financements pérennes. La recherche a besoin de temps long, notamment la recherche fondamentale. À cause de ce déséquilibre, le projet de loi ne contribuera pas à améliorer les carrières. Les voies de recrutement proposées, comme les chaires de professeur junior ou les CDI de mission scientifique, encourageront la contractualisation et accroîtront le risque de précarité.

Ces nouveautés permettront-elle au moins d'enrayer le départ des jeunes chercheurs et de rendre ces carrières plus attractives ? Nous pouvons en douter.

Pour toutes ces raisons, notre groupe ne votera pas le projet de loi. Il se partagera entre l'abstention et le vote contre. Nous gardons néanmoins un faible espoir que la navette parlementaire permette d'avancer sur les deux questions que sont la trop lente augmentation des financements et l'insuffisante sécurisation des carrières scientifiques.

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