Intervention de Patrick Hetzel

Séance en hémicycle du mercredi 23 septembre 2020 à 21h30
Programmation de la recherche — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Hetzel :

Nous serons un peu moins enthousiastes.

Ce que nous aurions voulu, madame la ministre, c'est un véritable dessein pour la recherche française. Les sciences, depuis au moins deux siècles, ont joué un rôle décisif dans la construction de notre nation. Pourtant, à aucun moment, vous n'avez tenu ce discours qui aurait dû inspirer une véritable vision stratégique, un souffle, et faire comprendre à nos concitoyens que la science n'est pas simplement une dépense, mais un investissement.

Il fallait le clamer haut et fort ; il fallait se battre avec Bercy pour que le texte ne se résume pas à un jeu de bonneteau insincère, mais propose un budget qui s'inscrive réellement dans la durée. Il fallait aussi que le projet de loi ne se limite pas à des promesses lancées au-delà d'un quinquennat, et d'un second : 2028, 2029, 2030… qui sait ce que seront, alors, les projections budgétaires ? Or, les milliards, c'est à cette échéance que vous les annoncez.

Est-ce cela qu'il fallait faire ? Non ! Il fallait agir vite, et maintenant. C'est au moment où vous êtes aux manettes que vous donnez le moins, promettant le reste pour un avenir lointain. Non ! La recherche a besoin d'un souffle, d'une vision, d'un État stratège. Tout cela, hélas, nous ne l'avons pas trouvé.

De surcroît, le débat a été escamoté. Vous l'avez refusé, et certaines de nos questions n'ont toujours pas obtenu de réponse. C'est de la communication gouvernementale. En procédant ainsi, madame la ministre, vous créez la défiance. Vous lancez des milliards, mais voyez comment la communauté réagit ! Elle n'y croit pas. Et pourquoi ? Parce qu'elle connaît vos actes, qui sont lourds de conséquences. Après les annulations budgétaires de 2018 et 2019, comment voulez-vous que l'on croie à des avancées, quand vos actes démontrent le contraire ?

Il vous a fallu un an pour nommer quelqu'un à la tête du HCERES. Un an ! Est-ce cela, le sérieux ? C'est au contraire beaucoup de mépris ; les chercheurs et enseignants le vivent comme tel, et vous ne vous en rendez pas compte.

Là encore, vous avez raté l'essentiel, qui était d'éviter la dichotomie entre l'enseignement supérieur et la recherche pour, au contraire, les traiter ensemble. Vous qui avez été présidente d'université, vous n'avez pas senti que ce sont les universités qui portent, fièrement, la recherche, et vous ne les avez pas suffisamment incluses dans le texte.

En réalité, le projet de loi est un support de communication qui contient, hélas, peu de mesures de fond. Il n'aborde absolument pas l'articulation entre le public et le privé.

Pour toutes ces raisons, nous voterons résolument contre ce texte.

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